samedi 30 juin 2012

À Mr. Paul Néaoutyine … et autres indépendantistes !


Pensez-vous que la peur m’impose de voter,
Contre une indépendance qui serait un guêpier,
Qui exclurait les blancs, et serait mal gérée,
Où seuls les Kanaks auraient droit de cité ?

Vous le dites vous-même les esprits ont changé,
En ce qui me concerne je suis un peu pommé !
De la gauche à la droite, tout parait exploser.
Alors, permettez-moi de vous interroger.

Je suis dans ce pays depuis de longues années.
Je suis comme les Kanaks, j’ai une identité,
Une culture, un passé, et je veux les garder.
Dites moi donc un peu ce que vous proposez ?

Car je ne trouve pas, dans vos affirmations,
De cette reconnaissance, la moindre indication.
Où sont le « vivre ensemble » et le « destin commun »,
Quel sera mon statut, dans le pays, demain ?

L’accord de Nouméa n’a rien prévu pour ça.
Il me met dos au mur et je n’ai pas de choix.
Le corps électoral est taillé sur mesure,
Et trois non, pour un oui, n’est-ce pas une imposture ?

L’accord de Nouméa fonctionne à sens unique,
N’est-ce pas un concept anti-démocratique ?
Vous dites négocier avec le parlement !
Est-ce que les gens d’ici ne seraient que du vent ?

Sont-ce là les prémisses d’une démocratie
Qui oublie ses principes au profit d’une ethnie ?
L’indépendance Kanak que vous revendiquez,
Est-elle celle d’un peuple, ou celle d’initiés ?

Je trouve regrettable, que quelques politiques,
Pour avoir une gamelle, fassent des polémiques.
Que le « nous » politique, ne soit qu’un « nous » sectaire,
Incapable de fonder un nœud identitaire.

Français sur le papier, mais comme expatrié ?
Calédonien de cœur, sans citoyenneté ?
Non, je ne voudrais pas devenir apatride,
Pour de mauvaises luttes, des guerres fratricides.

Notre destin commun, vous devaient le forger,
En nous intégrant tous, sans exclusivité !

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Article des Nouvelles Calédoniennes du 29/06/2012.
Interview de Paul Néaoutyine : « Ils gesticulent parce qu’ils ont perdu »
Paul Néaoutyine est actuellement en Corée du Sud pour visiter le chantier d’extension de l’usine de Gwanyang.

Les électeurs des législatives ont sanctionné, selon, le pouvoir absolu et les discours alarmistes sur l’émancipation prononcés par le Rump. Pour l’élu du Nord, les mentalités ont évolué.

Les Nouvelles calédoniennes : Le patron du Rump, Pierre Frogier, estime qu’après ces élections législatives, « nous revenons vingt-cinq ans en arrière ». Est-ce votre avis ?
Paul Néaoutyine :
Les élections législatives intéressent, tout d’abord, le corps électoral général. Nous, nous avons fait campagne sur l’accord de Nouméa. Nous avons été battus de 2 750 voix (dans la seconde circonscription, NDLR). Mais nous avons été battus parce que toute la droite s’est liguée pour empêcher qu’un indépendantiste siège à l’Assemblée nationale. Des campagnes ont été menées pour entretenir la peur de l’indépendance. Ou encore pour afficher que le processus ne débouche pas sur la décolonisation et l’indépendance. La campagne, « très personnalisée » ou anti-quelque chose, s’est passée entre les membres de l’ex-RPCR. Donc nous, ce n’est pas notre problème. Il ne faudrait pas que les leaders incriminés reportent sur le processus de l’accord de Nouméa ce qui n’est qu’un problème interne.

Quelle sera alors votre attitude ? Nous, nous continuerons comme avant. C’est-à-dire négocier nous-mêmes avec les groupes parlementaires, avec le gouvernement central, sur la mise en œuvre de l’accord de Nouméa, et le respect de l’accord. On l’a fait avec la droite comme avec la gauche. Ceux qui se disputent là, d’ailleurs, n’ont jamais fait le même travail à gauche. Qu’est-ce qui les empêchait de le faire ? Puisque quand ils sont parlementaires, ils le sont pour représenter la Nouvelle-Calédonie, les deux circonscriptions. Nous continuerons donc à faire valoir l’esprit de l’accord de Nouméa, ses équilibres, les transferts de compétence et leur préparation, y compris les compétences régaliennes. Parce que cela est tout simplement prévu dans le dispositif. Nous l’avons décidé en Comité des signataires. Donc du jour au lendemain, Pierre Frogier ou Harold Martin ne peuvent pas décréter qu’il n’y a plus de comités de pilotage. Comment il pourrait ne plus y en avoir puisque nous avons travaillé dans ces comités ? Puisque c’est dans l’intérêt de la Nouvelle-Calédonie ? C’est le comité des signataires qui décidera si on arrête – ou non –, mais il va falloir tout de même justifier. C’est toujours la même chose : quand une bonne idée est retenue, ils en sont à l’origine ; mais ils sont les premiers à planter la mise en œuvre de ces bonnes idées. Et le schéma de mise en valeur, le schéma de développement, les transferts de compétence ? Le Rump n’a pas tenu ses engagements puisqu’il n’a rien fait quand il était majoritaire au gouvernement avec la FCCI.
Le travail a en fait été poursuivi par l’Avenir ensemble, qui s’est ensuite fractionné en deux avec Calédonie ensemble.

Comment expliquez-vous ces remarques émises par une frange de la droite ? Pourquoi abandonner les comités de pilotage ? Parce que le président de la République et le gouvernement ne sont plus de droite ? La décolonisation, les transferts de compétence, les questions à poser au référendum de sortie, sont toutes des dispositions inscrites dans l’accord de Nouméa que nous avons co-signé. Il y en a qui gesticulent là. Ils gesticulent parce qu’ils ont perdu. Il y en a qui ne savent gouverner que quand ils ont la majorité absolue ou quand ils ont les gens sous contrôle. Et bien, il va falloir faire autrement. Les indépendantistes qui étaient dans l’Alliance, c’est à eux de confirmer si on est toujours sur la même ligne. J’ai cru comprendre que oui. On nous a présenté l’Alliance, au sein du FLNKS, comme simplement un partage de postes qui doit permettre d’être en responsabilités, comme la présidence du Congrès. Les partages de postes n’ont rien à voir avec les fondamentaux de l’accord de Nouméa, ou quoi que ce soit. Et un équilibre ? Mais un équilibre entre qui et qui ? Le Palika continuera à aller dans le sens de ce que nous avons fait ensemble pendant les législatives, qui n’est que la continuité de la ligne politique sur laquelle le FLNKS s’est engagé dans l’accord de Nouméa.

Des indépendantistes craignent des tensions si la politique de concessions initiée par Pierre Frogier, prenait fin. Est-ce en effet un risque ? Certains indépendantistes, Louis Kotra Uregei ou Rock Wamytan, ont estimé que si ces points ne sont pas respectés, il va y avoir une radicalisation sur le terrain. Ils prennent la responsabilité de ce qu’ils ont dit. Nous, nous avons fait campagne, je suis passé dans les communes, et je n’ai pas entendu dire cela. J’ai entendu les gens nous féliciter d’être ensemble, et espérer la poursuite de notre travail.

« Etre ensemble » c’est-à-dire avec le Parti travailliste ? Nous avons fait une campagne FLNKS. Je rappelle que le Parti travailliste n’a pas soutenu au premier tour. Il a laissé libre choix. Et avant le deuxième tour, il n’a pas été très clair. Parce qu’il a participé au meeting de Païta en affichant des propos qui n’avaient rien à voir avec le cadre de la campagne. Mais, sur le terrain, dans les communes, nous avons trouvé des cadres locaux, même des élus du Parti travailliste, qui sont venus pour soutenir la candidature du FLNKS et ce que porte le Front. Pas pour négocier quoi que ce soit. En tout cas, pas pour nous contredire.
Je mets en garde les gens de droite, comme les indépendantistes qui se prêtent au jeu lancé par la droite, de prétendre qu’il va y avoir une radicalisation, un retour en arrière de vingt-cinq ans. Il ne faut pas agiter la peur, parce que l’on a perdu quelque chose. Non. Nous, on est là pour construire. Il faut distinguer les discours guidés par la déception de ne pas avoir été plébiscité, du vrai travail politique.

La déroute du Rump aux législatives est donc bien plus qu’un revers électoral ? Il suffit de remonter dans le temps pour voir que l’électorat du RPCR et du Rump ensuite, est en chute libre. La responsabilité en revient aux cadres et dirigeants. Il ne faut pas traiter les gens d’attardés, ou dire qu’il n’y aurait pas eu d’évolution des mentalités. Alors que c’est exactement le contraire. Ils ont perdu tant de terrain après avoir toujours fait peur sur le rééquilibrage ou l’usine du Nord… Et bien les consciences se sont réveillées. Tous ceux qui ont toujours raconté des bobards ou fait peur pour éviter que les gens aillent dans le bon sens, ont été sanctionnés.

Harold Martin a clamé que « si Philippe Gomès veut la place de président, je la lui laisse ».De tels bouleversements sont à venir selon vous ? Je constate qu’Harold Martin a été le premier à appeler, pour le deuxième tour, à voter Gomès pour barrer la route aux indépendantistes. Le Rump n’a peut-être pas été très clair localement. Philippe Gomès a déclaré qu’il était bien le candidat de la droite, toute la droite.
Logiquement, ils devraient se réentendre, et peut-être réélire Philippe Gomès (à la présidence du gouvernement, NDLR). Mais comment vont-ils expliquer cette affaire-là ? Ils vont bien trouver un autre prétexte pour ne pas le faire. On est habitués, mais il ne faut pas nous raconter des salades.

La leçon d’un enjeu électoral  Les candidatures uniques du FLNKS aux législatives et le discours commun de la campagne, ont fait taire les déchirements passés entre composantes. Les liens seraient-ils aujourd’hui plus forts ? « Le FLNKS est un front. Chaque parti a son identité, son idéologie » explique Paul Néaoutyine. « Nous avons décidé ensemble de mettre au sein du FLNKS, la représentation vis-à-vis de l’Etat, de l’extérieur, et du portage de l’accord de Nouméa. Nous sommes toujours restés là-dessus. Sur tous les autres sujets, on peut se distinguer ». Le Palika a reproché à l’Union calédonienne, au RDO, et à une partie de l’UPM, inscrits dans « l’Alliance », de « ne pas avoir défendu des positions du Front sur un certain nombre de sujets.
À eux donc de dire ce qu’ils ont voulu faire exactement avec la droite locale. S’il n’y a rien, il n’y aura alors pas de problème à retrouver nos fondamentaux ».
Propos recueillis par notre envoyé spécial en Corée, Yann Mainguet
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