De quoi remplir notre escarcelle !
Ils veulent donc nationaliser
Toutes les mines à leur portée. 1
À l’opposée certain expert,
N’y voit qu’un outil subsidiaire,
Et ils persistent avec ardeur,
À le considérer mineur. 2
Ces deux tendances sont opposées,
Bien que partant des même données.
Mais elles tombent dans l’excès
Parce qu’elles sont politisées.
Les indépendantistes y voient un bon moyen
D’avoir assez d’argent pour être souverain.
Mais en faisant les comptes, le total n’y est pas.
Sans l’aide de la France, on n’équilibre pas
Les dépenses d’un pays totalement autonome,
Même en gérant les choses de façon économe.
Alors ils mettent en cause cette vieille SLN,
Qui, étant trop française, n’est pas calédonienne !
Son domaine minier est à récupérer,
Et sa métallurgie à Calédoniser.
« Maîtriser la ressource » est leur nouveau
slogan,
Qui serait le chemin pour être indépendant.
Prenant cette hypothèse, ils préparent un état,
Une constitution, avec un budget gras.
Même étant sous contrôle, tout le domaine minier
Sera-t-il vraiment une rente avérée ?
Car les fluctuations des cours du nickel,
Pourrait nous amener à prendre des gamelles. 3
Le syndrome Hollandais
nous a déjà touché :
Pendant les années fastes, des dépenses obligées,
Pour des aides sociales et du fonctionnement,
Sont votés au congrès pour satisfaire les gens.
Toute l’économie est alors entrainée,
Les salaires et les prix tendent à augmenter.
Quand le cours du nickel vient à se dégrader,
Les élus sont contraints de réduire les budgets. 4
Et pourtant aujourd’hui, les transferts de la France,
De cent cinquante milliards juste pour ses dépenses,
Auquel vient s’ajouter des aides bien garnies … 5
Jouent un rôle tampon sur notre économie.
Le pays parait riche, mais sur la corde raide.
Si un fond souverain pourrait être un remède,
Pour le constituer, ce serait vraiment dur,
Il faudrait se serrer plusieurs fois la ceinture. 6
Les indépendantistes courent après le pouvoir,
Mais ils pourraient conduire leur peuple au désespoir.
En revanche ceux qui pensent avec Monsieur Sudrie,
Que le nickel n’est pas au cœur de notre vie,
Oublient les retombées sur les autres secteurs,
Car mines et usines sont gros consommateurs. 7
À travers les salaires et toutes les maintenances,
Le nickel distribue du fric en permanence,
Il alimente ainsi notre consommation,
Donne à l’activité une sacrée impulsion.
Parfois des dividendes, des impôts conséquents,
Amènent à nos budgets un peu de carburant.
Permettant aux élus d’aguicher l’électeur,
En lui distribuant de nouvelles faveurs.
Car la consommation ne pourrait exister,
Si aucune richesse n’était distribuée. 8
Une partie vient du ciel, ou plutôt de la France,
Une autre du nickel, avec moins de constance.
D’autres activités produisent de la richesse,
Mais la plupart d’entrelles n’ont pas vraiment la pèche.
Agriculture, tourisme exportent des clopinettes,
Mais combien de secteurs se servent sur la bête ?
Le nickel n’est pas tout pour la vie le pays,
Mais il reste vital pour notre économie.
Il n’en n’est pas le cœur, mais en règle le pouls.
Et quand son rythme baisse, on ressent les à-coups.
Compter dessus pour tout est, pour sûr, excessif,
Et nous mènerait vite à l’état dépressif.
1 – Article de La voix du FLNKS : « La SLN n’est
pas totalement calédonienne ».
2 - Olivier SUDRIE : économiste, maitre de
conférences, chargé de conseil en économie auprès du gouvernement de Nouvelle
Calédonie.: «
Contrairement à une image très répandue mais néanmoins erronée, le cœur de
l’économie calédonienne ne bat pas au rythme du nickel. »
3 - Étude sur la création d’un fonds souverain en
Nouvelle-Calédonie – mai 2012
Extrait page
16 : Une stabilisation souhaitable de l’économie
« L’activité
minière a un poids dans l’économie néo-calédonienne très fluctuant selon
l’évolution des cours du nickel. La part de ce secteur dans la valeur ajoutée
totale oscille entre 3,2% en 1998 et 18,6% en 2007 avant de redescendre à 5% en
2009. Mais l’influence de la conjoncture du nickel sur l’économie
néo-calédonienne ne se limite pas à un effet prix et au secteur minier. Elle
dynamise le volume d’activité d’autres secteurs, en premier lieu les
sous-traitants (BTP, maintenance, chaudronnerie, etc.). Ainsi la croissance du
PIB en volume se révèle étroitement liée aux fluctuations des cours du nickel durant
la décennie 2000 ».
Extrait de la
conclusion page 24
« L’économie
néo-calédonienne apparaît très dépendante de la conjoncture du nickel. La mise
en service des deux nouvelles usines ne peut qu'accentuer cette dépendance et
par conséquent renforcer le besoin de stabilisation de cette économie … »
4 - Étude
sur la création d’un fonds souverain en Nouvelle-Calédonie – mai 2012
Extrait
page 6 : La malédiction des ressources naturelles
« Durant
les phases de cours élevés des matières premières, les effets défavorables ne
se limitent pas à ceux de la maladie hollandaise. L’abondance de recettes
budgétaires peut favoriser un accroissement des dépenses courantes, notamment
des salaires et des transferts sociaux, parfois concédé pour des motifs
électoralistes et néanmoins peu réversible lorsque la conjoncture économique se
retourne. Elle risque également de conduire à des investissements publics peu
rentables ou trop ambitieux, dont le financement de surcroît peut souffrir d’un
manque de continuité en raison de la forte instabilité des recettes
budgétaires. »
5 - IEOM Rapport
annuel 2011 – Nouvelle Calédonie, page 67
« Les
dépenses de l’État en Nouvelle-Calédonie sont restées stables en 2011 à 147,3
milliards de F CFP. La légère baisse des dépenses de personnels et pensions
(-1,6 %) et d’interventions (-1,2 %) a été compensée par l’augmentation des
dépenses de fonctionnement (+10,0 %). En 2010, la dépense de l’État
représentait 18 % du PIB. »
6 - Étude
sur la création d’un fonds souverain en Nouvelle-Calédonie – mai 2012.
Extrait
page 26 : De faibles ressources pour un fonds souverain.
« À
l'aune de cette comparaison avec un pays exportateur d'un minerai métallique,
dont le fonds souverain est cité en exemple pour son bon fonctionnement, et
compte tenu de l'absence de revenus supplémentaires liés aux deux nouvelles
usines, les ressources de la Nouvelle-Calédonie semblent actuellement faibles
pour alimenter un fonds conséquent. Elles devraient le demeurer, sauf à
modifier la fiscalité ou à engager durablement un effort budgétaire. »
Extrait
page 25 : Conclusion.
Pour
constituer un fonds d'épargne qui puisse à terme représenter une richesse
conséquente pour les générations futures, un effort budgétaire important
devrait être réalisé sur une très longue période. À défaut d'un tel engagement
nécessairement contraignant, les ressources devraient permettre d'abonder un
fonds de stabilisation, les versements et gains financiers devant au minimum
couvrir les retraits au long d'un cycle économique.
7 - IEOM Rapport
annuel 2011 – Nouvelle Calédonie
Extrait
page 98
« Le
secteur du nickel a été l’un des moteurs de la croissance de l’économie
calédonienne, sur la dernière décennie, par l’ampleur de ses investissements
avec les différents projets de création d’usines métallurgiques. Premier secteur
exportateur du territoire, son impact sur la balance commerciale est également
déterminant. »
« Le secteur du nickel représente 18 % de
la valeur ajoutée en 2007 (après 12 % en 2006). Cette augmentation est due à l’évolution
favorable des cours du nickel, le cours moyen du nickel au LME atteint 16,9 USD
la livre contre 11,0 USD en 2006. »
8 - Voir à ce sujet mon post du 10/04/2012 : « Sudrie ou le bonheur par la consommation » (cliquer)
Documents
cités téléchargeable en ligne :
IEOM Rapport
annuel 2011 – Nouvelle Calédonie
Étude
sur la création d’un fonds souverain en Nouvelle-Calédonie – mai 2012.
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Inspiration :
article des Nouvelles Calédoniennes du 08/01/2013
À la conquête du nickel
Les retombées financières issues de l’exploitation du nickel ne peuvent
faire vivre le pays, aujourd’hui. Conscients de l’enjeu à la fois économique et
politique, les partis indépendantistes réclament, en chœur, un changement des
règles. Des plans se préparent.
La pluie de billets est tombée il y a quelques mois. Le pays touchait 20
milliards de francs de la SLN au titre de la distribution des dividendes.
Au-delà de l’opération d’une ampleur rare, la question sur la capacité d’une
Nouvelle-Calédonie pouvant vivre de son nickel, refaisait gentiment surface.
Des économistes ont déjà pris la calculette. Les revenus de « l’or vert » ont
compté, en moyenne, pour 10 à 12 % du produit intérieur brut calédonien, sur
les dix dernières années. « Contrairement à une image très répandue mais néanmoins
erronée, a indiqué le consultant Olivier Sudrie, le cœur de l’économie
calédonienne ne bat pas au rythme du nickel. »
Dans son dernier rapport tant commenté sur le « schéma stratégique
industriel », l’experte Anne Duthilleul enfonçait le clou. « Il est peu
probable que, malgré leur ampleur croissante si tout va bien, ces retombées
financières permettent de subvenir à terme à tous les besoins des collectivités
publiques calédoniennes » écrivait la polytechnicienne. En outre, « les
recettes fiscales ne suffisent pas à elles seules à fonder tout l’avenir
économique du territoire à long terme ». Une affirmation politiquement
sensible.
Elections : Au sein de la
mouvance indépendantiste, « tout le monde en est conscient », l’exploitation du
minerai rapporte aujourd’hui, « mais ce n’est pas suffisant » pour bâtir une
véritable souveraineté, entend-on lors de réunions. En clair, les règles
actuelles dans le secteur du nickel ne plaisent pas, car profitent trop
faiblement au développement local. Au cours de leur congrès 2012 respectif, du
Parti travailliste à l’Union calédonienne, du Palika à l’UPM, un même message a
alors traversé les discours : maîtriser la ressource, soutenir la participation
majoritaire du pays dans le capital des entités de valorisation.
Les annonces de ces objectifs convergent au moment où, dans la perspective
des élections de 2014, ces partis veulent rassurer la population sur les financements
du territoire. Au moment où, aussi, l’emblématique usine du Nord s’apprête à
produire. Où enfin, le monde des grands groupes industriels est en mouvement. «
C’est essentiel pour un pays, qui construit son émancipation politique et
économique, de se doter d’un véritable outil stratégique comme en possèdent la
plupart des pays souverains, souligne un article paru dans le journal La voie
du FLNKS et titré « La SLN n’est pas totalement calédonienne ».
Plans : L’UC a exprimé
sa petite idée. La SMSP intégrerait la participation des trois provinces, avec
l’entrée donc souhaitée de Promosud. Une structure « pays » récolterait les
dividendes, et créerait la diversification, par exemple dans la pêche, le
transport maritime, la recherche, etc. Car est visée également, et surtout, une
prise de contrôle de la SLN à travers une montée de la STCPI à plus de 50 %,
dans le capital. Pour y parvenir, « il y a différents plans », note sobrement
un responsable indépendantiste. Comme l’échange d’actions transférées à la
STCPI, instrument des provinces, entre Eramet et SLN une formule pas si simple.
Ou encore l’achat des parts...
La Société Le Nickel n’est pas une cible économique par hasard. La filiale
d’Eramet est la principale industrie du territoire, avec plus de 2 200
salariés. Et dans sa besace, se trouve pas moins de 55 % du domaine minier
calédonien. Une position prépondérante. Avoir la main sur la SLN, revient à
détenir une superficie riche et étendue. Les opposants à ce schéma évoquent «
un affichage », craignant sans doute aussi l’effet tache d’huile au Gabon où la
major tricolore possède des intérêts. Les partisans eux y croient dur comme...
fer.
Le chiffre : 50, D’après l’experte
Anne Duthilleul, « au rythme d’exploitation que connaîtra le territoire après
le démarrage des deux usines en construction », les volumes de minerai en
Calédonie représentent environ cinquante ans d'activité pour les garniérites,
et cent cinquante ans pour les latérites
Repères : Qu’en pense l’État ? Un autre
préalable minier ?
Le candidat
à l’élection présidentielle, François Hollande, futur président de la
République, avait inscrit le dossier « nickel » dans ses engagements pour le
territoire. « Je veillerai à la maîtrise (du) développement par la
Nouvelle-Calédonie, en particulier en ce qui concerne le développement
industriel et minier, l’État s’engageant à
conserver le contrôle de la SLN ». Autrement dit, le dirigeant socialiste
accepterait une montée de la STCPI, représentant les trois provinces, à 51%
dans le capital de la société basée à Doniambo. Et ce, tout en veillant à ne
pas déstabiliser Eramet.
L’ambiance de cette fin 2012 ravive chez certains le souvenir du «
préalable minier ». Un épisode qui a alimenté l’actualité de 1995 à 1997 et a
abouti, après bien des péripéties, à l’Accord de Bercy signé en février 1998
par les dirigeants de la SMSP, d’Eramet-SLN et Dominique Strauss-Kahn, alors
ministre des Finances.
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