jeudi 24 janvier 2013

Deux télévisions, payées par tous !

Nos élus de tout bord dénoncent la « vie chère »,
Accusant le commerce, et surtout les hypers,
Oubliant que les taxes et la publicité
Se retrouvent dans les prix qui font notre panier.

Pour payer la santé et les aides sociales,
Ils triturent les impôts et nous font la morale.
Mais pour réaliser deux chaines de télés,
Ils trouvent de l’argent sans grande difficulté !

Sur le financement …

NC9 doit racler tous les fonds de tiroir :
Ceux de la Province Sud et ceux du territoire,
Nouméa, l’OPT, ne seront pas en reste,
Et la publicité financera le reste.

NCTV, par contre, puise dans le trésor
Qui devrait financer, grâce à tous nos efforts,
Le rééquilibrage de la Province Nord.
Depuis un an déjà, elle vit dans le confort.

Indubitablement, le peuple va payer.
Par la fiscalité ou la publicité,
Noyer dans les factures, ce sont des coûts cachés,
Dans des taxes discrètes ou des marges ajustées.

Élus écoutez nous, et ayez la décence,
De ne pas engager cette vaine dépense.

Sur la forme …

NC9 a choisi la forme associative,
Qui juridiquement est moins coercitive,
Tant pour les subventions que pour les associés.
La souplesse est utile, mais est aussi risquée.
En vérité, ce choix découle sûrement
De la modalité de son financement.

NCTV ayant un financement sûr,
A préféré une forme sans risque de censure.
La SAEML* permet de s’échapper
Des contraintes juridiques d’une collectivité.
La Province Nord détient le pouvoir financier,
Et va pouvoir agir comme une télé privée.

NC9 devra en satisfaire plusieurs,
NCTV n’aura qu’un seul dictateur.

* SAEML : Société Anonyme d’économie mixte locale.
Sur le fond …

NC9 s’affuble d’un comité d’éthique,
Ouvrant ainsi la porte à toutes les politiques.
S’affichant pluraliste, elle est en fait binaire,
Comme la politique qu’on fait sur cette terre.
Mais faire du consensus peut devenir amer,
Quand certains partenaires préparent plutôt la guerre.

NCTV verrouille parfaitement son conseil,
N’y mettant que des gens qui ont la bonne oreille …
Elle se veut tout public, mais veut choisir sa langue,
Affichant l’authentique, elle se forge une gangue.
L’identité Kanak y est prioritaire,
Marquant cette télé d’une tendance sectaire.

NC9 semble ouverte aux différents partis,
NCTV s’enferme avec une seule ethnie.

En guise de conclusion…

Notre démocratie n’est plus depuis longtemps
Le reflet de l’attente des citoyens votants.
La communication remplace les idées,
Formatant l’électeur qui se laisse piéger.

Comme à son habitude, la gente politique
Use pour nous convaincre des finances publiques.
Si les calédoniens devaient se prononcer,
Ils choisiraient, pour sûr, d’autres priorités.


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Article des Nouvelles Calédoniennes du 24/01/2013 (extrait)
  

Les deux télés autorisées


Dans la nuit de mardi à mercredi pour nous, le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a approuvé les conventions signées la semaine dernière avec les deux télévisions pays, NC9 et NCTV, et les a autorisées à émettre sur la TNT. Les deux projets en détail.

NC9

Les porteurs du projet
NC9 prend la forme d’une association baptisée ICI (Image communication, information) dont le président est Bruno Mege, la vice-présidente est Elisabeth Nouar, le trésorier est Jean-François Bodin et le secrétaire est Serge Lamagnère. Une cellule de consensualité, dont les huit membres font partie de l’association, est créée pour veiller au respect du pluralisme des courants d’expression et de l’indépendance de l’information. Elle fonctionnera sur le mode d’un comité d’éthique.

La chaîne « partagée »
NC9 veut accompagner le cheminement vers « le meilleur des destins communs » dans la continuité nationale et l’équilibre politique voulu par les accords de Matignon et de Nouméa. Elle veut réunir, autour d’un concept fédérateur, les différentes composantes de l’identité calédonienne. Elle veut « rapprocher les contraires » et l’ATC (Association pour une télévision consensuelle) assurera la coordination des moyens aux deux rédactions indépendantes porteuses de l’expression des deux légitimités historiques. Cette organisation est complétée par trois sociétés commerciales chargées respectivement de l’édition d’un tronc commun de programmes et de la gestion des moyens techniques de l’ensemble du canal, de la régie publicitaire et de la représentation en Métropole.

Les financements
NC9 va fonctionner avec un budget compris entre 760 et 780 millions de francs à plein régime. « Les collectivités territoriales sollicitées ont donné leur accord de principe puisque cela a été versé au dossier au moment de la signature de la convention avec le CSA, la semaine dernière, précisait Jean-François Bodin, le trésorier. Le gouvernement participera à hauteur de 200 millions, la province Sud entre 200 et 250 millions et la ville de Nouméa autour de 150 millions. » NC9 vise sur des rentrées publicitaires à hauteur de 240 millions. Des contrats de partenariat et de mécénat compléteront le budget. « Nous avons sollicité l’OPT et ils peuvent nous aider avec de l’investissement sur des locaux, le transport du signal. Cela n’a pas été présenté au conseil d’administration car ils attendaient l’aval du CSA pour aborder le sujet », annonçaient Jean-François Bodin et Elisabeth Nouar.

Ce qu’on pourra y voir
A plein régime, NC9 diffusera un peu plus de 40 % de programmes locaux par semaine et 51,8 % de programmes de l’extérieur. En local, il y a aura 13,58 % d’information, 2,22 % de débats et 1,25 % de débats d’hémicycle (Congrès, provinces, etc.). Il y aura 5,82 % de documentaires, 8,87 % de clips vidéo et 4,43 % de magazines.
En extra-local, il y aura 3,74 % de fiction, 6,37 % de fiction jeunesse, 4,87 % d’information, 19,12 % de clip vidéo et 12,47 % de divertissements. Les programmes achetés en complément de ses programmes propres viendront principalement de TF1 et de M6.
Les deux journaux quotidiens de 25 minutes chacun seront assurés entre 19 heures et 20 heures par les deux rédactions. L’information (JT, magazines, débats et interviews) représentera 26,37 % du volume total hebdomadaire de diffusion de la chaîne. La durée hebdomadaire des émissions locales en première diffusion sera de 33 heures et 33 minutes soit plus de 40 % du temps d’antenne hebdomadaire avec les rediffusions. La publicité n’excédera pas, conformément à la loi, 9 minutes par heure d’antenne moyenne et 12 minutes pour une heure donnée.

NCTV


Les porteurs du projet
NCTV prend la forme d’une SAEML (une société de droit privé dont une collectivité est majoritaire), baptisée STR (société de télévision radio) avec un conseil d’administration de neuf membres. Le président est Jean-Pierre Djaïwé et les six administrateurs de la province Nord sont Patricia Goa, Nadia Héo, Rose Vaialimoa, Léontine Ponga, Jean-Pierre Djaïwe et Victor Tutugoro. Les administrateurs privés sont MM. Mapou, Oniari et un membre de la SCP Nord Réuni. Le représentant de l’actionnaire majoritaire est Christophe Charlier, secrétaire général adjoint de la province Nord.

La chaîne « tout public »
NCTV veut promouvoir la diffusion des cultures sous toutes leurs formes, l’authenticité de certaines d’entre elles composant le paysage social et linguistique de la province Nord et plus généralement de la Nouvelle-Calédonie. Elle veut aussi participer au désenclavement de la population isolée et l’intégrer à la citoyenneté par l’accès à la pluralité des moyens de communication et des sources d’information. Le projet traduit la volonté de réhabiliter l’identité kanak dans un processus de décolonisation et d’émancipation voulu par les accords de Matignon et de Nouméa, mais la chaîne veut constituer un espace dédié à l’expression et à la rencontre de tous les Calédoniens quelle que soit leur origine.

Les financements
NCTV va commencer avec un budget de 300 millions, dont 150 millions inscrits au budget primitif de la province Nord, et devrait, à plein régime, fonctionner avec un budget de 650 millions. Jean-Pierre Djaïwe avait annoncé un budget de 900 millions dès la deuxième année. Le budget sera assuré en grande partie par la province Nord et les collectivités locales associées (communes). A cela s’ajoute une part de revenus publicitaires et parrainage à hauteur de 120 millions. 35 personnes devraient au final composer l’effectif de la chaîne « tout public » dont 12 journalistes reporter d’images, un rédacteur en chef, deux journalistes desk. Il y aura trois chargés de production, trois commerciaux pour la régie publicitaire interne, un directeur technique et deux techniciens plateaux, quatre monteurs et du personnel administratif comme une équipe de télévision locale d’une grande ville métropolitaine.

Ce qu’on pourra y voir
À plein régime, NCTV diffusera 57 % de programmes locaux par semaine et 43 % de programmes de l’extérieur.
En local, il y aura 9 % de programmes institutionnels par semaine, 1,5 % d’information et 22 % de magazines (club de la presse, débats, paroles d’élus). Il y aura 2,5 % de sport, 7 % de services, 5 % de culture et 10 % de spectacles vivants.
En extra-local, NCTV diffusera 2,5 % d’information, 10 % de magazines, 8 % de documentaires, 3 % de fiction, 5 % d’émission jeunesse, 3 % de culture, 2,5 % de cinéma et 4 % de divertissement.
Le journal d’information locale sera diffusé à 18 h 30 suivi de l’actualité en question et des journaux télévisés d’informations nationales et internationales. L’information représentera 7 h 50 par semaine en local, national et international. La durée quotidienne des émissions locales en première diffusion sera de 150 minutes et le volume quotidien de programmation locale sera de douze heures par jour, rediffusions comprises. La publicité locale sera d’environ 6 minutes par heure d’antenne et la publicité extra-locale ne dépassera 5 % du temps d’antenne global.
 Dossier Ludovic Lafon et Ph. Frédiére
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8 commentaires:

  1. Bravo vous avez héritez de la vision Manichéenne des époques de la colonisation et de l'esclavage.
    Une seule thématique tient dans votre récit qui est celle de l'indépendance éditoriale d'un média. C'est la grande problématique ici en NC, un pays où tout se politise facilement malheureusement.

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  2. Mon propos est plutôt de constater que les citoyens se font piéger par ceux qu'ils ont élus : aujourd'hui les politiques sont capables de financer NCTV (pour quelle audiance ?) avec l'argent des citoyens (impôts et pub) mais sont incapables de trouver l'argent pour financer notre systéme de santé (CHT et RUAMM notamment).

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  3. Vous n'avez pas tort pour le CHT et le RUAM, cependant il semble erroné de faire une comparaison avec la NCTV qui constitue un outil de développement mis en place par la province Nord dans le cadre de ses compétences. Chacune des institutions possèdent leurs propres compétences, notamment en ce qui concerne les infrastructures pays. Le gouvernement use des leviers dont elle dispose pour structurer la société. Or si les hommes, notamment ceux issu du ou des groupes majoritaires au congrès sont incapables de proposer un dossier qui tienne la route auprès de l'AFD alors il n'est pas étonnant qu'on en arrive là. La province Nord selon le bilan de l'AFD est malheureusement la seule à porter réellement une politique de rééquilibrage. Les clivages politiques ne doivent pas être un frein dans ce portage....mais malheureusement c'est ce qui se passe dans la réalité. Certains élus dont je ne citerais pas les noms (la presse s'en ai déjà chargé) adorent pratiquer une politique politicienne, et ceux-là sont vraiment des dangers pour un pays comme le nôtre, qui s'inscrit dans la voie de l'émancipation. La PN est à chaque fois obligée de prouver par A + Z qu'elle gère la manœuvre, mais jusqu'à quand cela va continuer. En tous les cas elle va poursuivre son travail de rééquilibrage car c'est sa feuille de route principale.

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  4. NCTV constitue d’abord un outil de communication ...
    Avec 32% des recettes fiscales et moins de 20% de la population, la Province Nord a des facilités budgétaires comme aucune autre collectivité (sauf la Prov. Des Îles). Ce n'est plus de l'équilibre, c'est du favoritisme ...
    Mais si vous considérez que la prise en charge médicale au plus près des habitants du nord ne contribue pas vraiment au rééquilibrage … (Combien pèse de l’hôpital du nord et sur quel budget ?)

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  5. Ce n'est aucunement du favoritisme c'est de la gestion responsable. La prise en charge médicale fait partie des obligations des institutions territoriales de toute manière. A une certaine époque on ne pouvait même pas imaginer la présence d'un hôpital dans le nord encore moins une télévision pays dans le nord. C'était quasiment un rêve. Tout était concentré dans le sud, idem pour la bibliothèque territoriale, pour le conservatoire etc. La NCTV n'est pas la télévision du Nord elle est "pays", diffusée dans tout le pays. Ceux qui ont quelque chose à dire, trouvent leur espace de parole dans la chaîne. Si elle bénéficie des 32% de recette fiscale et ben soit, tant mieux, il serait temps qu’elle solidifie sa politique éditoriale, qu’elle invite à sa table des administrateurs représentants des autres institutions, cela n’est pas impossible, il faut justes des bonnes volontés.
    NC9 n’'a pas vu de suite car le Gouvernement lui-même s'est retiré du projet alors qu'il la soutenait à l'encontre de la NCTV. NCTV est surtout un outil d'information et par extension, un outil de service publique. Sa problématique principale est celle de l'indépendance éditoriale, c'est la grande crainte que j'ai de cette chaîne, car elle risque d'être instrumentalisée facilement au bé, dénoncer les disfonctionnements existant dans notre organisation sociétale. Et non pas faire uniquement des reportages très convenus.
    La province Sud a depuis toujours surfé sur le personnage emblématique de Monsieur Lafleur, aujourd'hui on est plus dans le même schéma. Nos élus doivent avoir un peu plus de lucidité et de courage pour avancer des idées et des programmes qui bouleversent les habitudes pris depuis de longue dates. Ce temps-là est révolu.

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  6. La Politique a ses raisons que l'économie ignore ... mais malheureusement l'économie a toujours le dernier mot.

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  7. Ce sont les hommes qui donnent du sens à la politique et l'économie selon les règles établies et adoptées en collégialité. La politiques et l'économie dépendent entièrement des décisions que l'homme prend, l'avènement des machines...ce n'est pas encore aujourd'hui.

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