dimanche 29 juillet 2012

NICKEL : Ethnique ou Éthique ?


Inspiration : propos de Pierre Brétegnier puis de Dominique  Nacci
Dans les Nlles Calédoniennes des 19 et 26/07/2012

Un élu loyaliste rappelle les bienfaits
De la transformation locale du minerai.
Les indépendantistes lancent leur porte-parole,
Qui du collectivisme, agite la banderole.

La SLN : du pragmatisme économique.

Certes la SLN est sujette à critiques,
Et certains lui reprochent de ne penser qu’au fric,
D’exporter des minerais, sans même les traiter,
Et d’investir ailleurs ce qu’elle a pu gagner.

Mais pendant plus d’un siècle, seule son activité,
Créa beaucoup d’emplois, de petites sociétés,
Développant la brousse, apportant du progrès,
Avec un fonctionnement à caractère privé.

Sa croissance aujourd’hui serait bien différente,
Et, pour notre pays, encore plus cohérente,
Si un certain massif, appelé Koniambo,
Ne lui fut retiré, par quelque imbroglio.

La perte de ce massif, très riche en garniérite,
L’a rendue bien prudente avec les latérites.
Alors elle va ailleurs développer sa technique,
Pour réduire un risque un peu trop politique.

La SLN connait la concurrence mondiale.
Elle doit s’adapter à un nouveau rival,
Pour qui l’économie est outil politique,
Et qui se permet tout pour des raisons ethniques.

La SMSP : du capitalisme international.
Derrière son porte-parole, on ne peut plus loyal,
Se cachent des élus qui gèrent son capital.
Ils sont collectivistes, mais ils capitalisent,
Oubliant la genèse de cette belle entreprise.

… sa création …

L’état leur fit cadeau d’un outil clef en main,
Même s’il leur a fallu se mettre au turbin.
D’abord il leur paya cette société minière,
Avec tous les moyens, surtout les droits d’extraire.

Puis l’accord de Bercy, en passant par Jersey,
Par un montage d’état plutôt alambiqué,
Permis d’exproprier les droits du Koniambo,
Que la SMSP reçus comme cadeau.

La France ayant lâché ce beau massif minier,
Les multinationales se sont positionnées.
D’autant que pour l’usine, les finances de l’état,
Allégèrent la facture pour tout l’actionnariat.

… son évolution …

Aujourd’hui Xtrata, à quarante-neuf pour cent,
N’est pas un philanthrope en mettant de l’argent.
Cinquante et un pour cent pour la SMSP,
C’est autant de pognon qu’elle devra rembourser.

Donc pour payer sa part de l’usine en chantier,
Elle vend du minerai dans un montage osé.
La première phase marche, donne quelques dividendes,
Mais faut aller plus loin, les coréens demandent.

Si la SMSP veut réussir son plan
Elle doit aux coréens un peu plus que du vent.
La SLN devient à nouveau une cible,
Car elle aurait encore des mines disponibles !

Va-t-on revoir demain, comme pour le Koniambo,
Des prétextes ethniques et pas toujours très beaux,
Pour que des privilèges soient encore accordés
À la SMSP et à ses associés ?

L’intérêt du pays ?

Transformer aujourd’hui le minerai en Corée,
Est à contre-courant de ce qu’ils réclamaient.
Cette valeur ajoutée, trop délocalisée,
Ne profite aux kanaks qu’en faible quantité.

De plus, cela crée un sérieux concurrent,
Alors que le marché est plutôt décadent.
Ainsi, pour KNS, il n’y a pas urgence
À lancer son usine dans cette contingence.

Aujourd’hui qu’en est-il du rééquilibrage 
Que la Province nord érige en adage ?
Il a bénéficié, et ce n’est pas banal,
À quarante-neuf pour cent, aux multinationales.

Si la province Nord garde sa majorité,
Un seul petit pour cent, c’est pas la panacée,
Surtout avec une dette qu’il lui faut rembourser,
Envers des actionnaires qui sont des financiers.

Ethnique n’est pas éthique …

La parole donnée de rééquilibrage,
Pour le peuple Kanak, devient comme un mirage.
Car le bilan social de cette opération,
Est plutôt devenu capitalisation.

Pourtant la France a fait bien plus qu’il ne fallait,
Argent et assistance, passe-droit, technicité …
Avec ça les Kanaks investissent en Corée,
Expriment leur mépris pour le  peuple français.

Pour ma part je préfère un vrai capitalisme,
Qui sait faire du social avec pragmatisme,
Aux dérives sectaires d’un faux collectivisme,
Qui entretien le peuple dans un vieil archaïsme.

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Article des Nouvelles Calédoniennes du 19/07/2012 : « La délocalisation en Corée est nuisible »

Le jeudi, retrouvez notre page « opinions » : le point de vue de ceux qui veulent participer au débat public sur les sujets qui agitent la société. Envoyez vos contributions aux Nouvelles à l’adresse suivante : redaction@lnc.nc

Pierre Bretegnier : La politique de la SMSP de délocalisation en Corée de la transformation du minerai calédonien, à l’instar de toute politique de délocalisation dans les pays à bas coûts, est d’autant plus favorable à l’entreprise qu’elle est nuisible à la Nouvelle-Calédonie.
En effet, ce sont les économies réalisées en utilisant les ouvriers et les équipements coréens au lieu des salariés et des investissements à réaliser ici qui permettent de dégager des dividendes. Or dans toutes les entreprises industrielles, les salaires sont plus importants que les dividendes (entre 2000 et 2009 par exemple, la SLN a versé près de dix fois plus de salaires que de dividendes : 400 milliards contre 40). Se féliciter de la délocalisation de l’entreprise SMSP en Corée serait donc comme se féliciter en Métropole de la délocalisation des usines Renault en Chine ou au Maroc…
Cette politique est exactement contraire aux prescriptions du rapport du dernier comité stratégique industriel, mis en place par le comité des signataires et approuvé dans son principe par tous les participants. Ainsi, ce rapport constate : « dans le modèle de la SLN, les dépenses directes sur le territoire ont atteint un quasi-maximum […] ; dans celui de la SNNC construite en Corée, au contraire, seuls les impôts et taxes et la part du résultat net revenant à l’actionnaire calédonien sont perçus sur le territoire ». Anne Duthilleul en tire la conclusion que « le rythme d’exploitation des ressources devra se poursuivre en excluant les concurrences directes et inéquitables envers les usines situées sur le territoire. »
Mais à peine ce rapport était-il déposé, et avant même qu’il ne soit examiné par le comité des signataires, que la SMSP prenait des engagements de long terme avec la Corée et en signait de nouveaux avec la Chine, voulant manifestement prendre de vitesse les participants au CSI (notamment la province Sud, le RUMP et l’Etat).
Comme les réserves de la SMSP sont insuffisantes pour remplir ne serait-ce que ses engagements coréens, celle-ci vise donc les gisements de la province Sud et de la SLN pour leur exploitation par les Coréens et les Chinois. Ainsi la province Nord passe outre le comité des signataires, la consultation des partenaires et l’intérêt de la Nouvelle-Calédonie.
Dans ces conditions la province Sud, qui dispose précisément des gisements les plus importants, (avec Prony, Pernod et tous les titres disponibles ou abandonnés dont elle fait l’inventaire et qu’elle inclura dans ses réserves), fera avec Promosud, ce que la province Nord fait avec la SMSP, à la différence qu’elle fera transformer son minerai sur place avec Eramet et Vale, pour donner du travail aux Calédoniens.

Bio express : Pierre Bretegnier a longtemps été l’un des lieutenants de Jacques Lafleur : pendant quinze ans, il a été vice-président de la province Sud et tenait les rênes des finances. Depuis l’année dernière, il est devenu le premier vice-président de l’institution du boulevard Vauban. Il incarne l’aile droite libérale du Rassemblement.
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Article des Nouvelles Calédoniennes du 26/07/2012 : « Quelle délocalisation ? »
Jeudi dernier, la publication d’une tribune de Pierre Bretegnier, dénonçant la « délocalisation en Corée de la transformation du minerai calédonien par la SMSP » a provoqué quelques remous. Dominique Nacci, directeur des relations publiques de la SMSP, lui répond.
Dominique Nacci : Améliorer la performance des entreprises implique d’aller bien au-delà des seules contingences politiciennes et électoralistes.
Ce n’est assurément pas le souhait de Pierre Bretegnier qui dénonce les « effets nuisibles de la délocalisation » et se targue aujourd’hui de défendre les intérêts d’Eramet contre les multinationales, alors qu’il officiait en tant que premier vice-président de l’Assemblée de la province Sud lorsque le patrimoine minier du Grand Sud fut allègrement bradé à la multinationale Inco.
Il compte également parmi les décideurs de l’époque qui étaient viscéralement opposés à la création de la STCPI chère à Raphael Pidjot et André Dang, alors qu’il en récolte aujourd’hui les fruits pour éponger les pertes de la société d’économie mixte qu’il gère.
Il a été tout aussi incapable de percevoir, dans son acceptation de partage, cette dimension citoyenne de l’entreprise qui constitue aujourd’hui un socle économique et des outils industriels pour une paix sociale et un développement durable. Ceci, nous le devons à André Dang et à tous ceux qui lui ont fait confiance !
Complémentaires. Pierre Bretegnier semble ne pas comprendre que le modèle « on-shore », qui consiste à construire des usines sur le territoire, et le modèle « off-shore », valorisant à l’extérieur une ressource trop pauvre pour être transformée localement, ne s’opposent pas et sont même complémentaires. La SMSP privilégie en effet l’investissement industriel sur le territoire lorsque la ressource minière le permet. C’est le cas de l’usine du Nord, un investissement de plus de 500 milliards XPF dont la SMSP détient 51 %, qui entrera en production à la fin de l’année.
Et de ce point de vue, Pierre Bretegnier, qui n’a jamais cru à sa réalisation, est plutôt mal placé pour donner des leçons de patriotisme industriel et d’économie, d’autant que la SMSP percevra des dividendes dès les premières années. En revanche, lorsque la ressource minière ne peut pas être valorisée localement pour des raisons évidemment économiques, la SMSP privilégie alors le recours au mode de valorisation intégrée dans lequel elle détient également 51 % de la chaîne de production. C’est le cas de l’usine de Gwangyang.
Ce qui est passé sous silence par Pierre Bretegnier, c’est que le type de minerai exporté par la SMSP vers son usine ne peut pas être traité localement, alors que dans le même temps du minerai brut est exporté par la SLN et les petits mineurs sans retour de valeur ajoutée industrielle. Pourtant bien informé, ce dernier continue à expliquer doctement que « la SMSP vend du minerai à POSCO », alors qu’elle l’exporte pour le transformer dans sa propre usine pour produire du ferronickel qui est ensuite intégralement vendu à son partenaire POSCO, ce qui permet en amont de pérenniser l’activité minière en Nouvelle-Calédonie.
Emplois. Autre fait probant que Pierre Bretegnier se refuse à admettre publiquement est que l’usine permet de dégager dès à présent une valeur ajoutée locale à partir de l’extraction de minerai en provenance de vieilles mines qui auraient dû être fermées faute de teneur. Cette activité génère actuellement près de 1 000 emplois directs et indirects sur le territoire, pour une grande partie en province Nord, avec 600 emplois supplémentaires pour la seconde ligne qui devrait être opérationnelle en 2014. Sur quatre emplois que procure le modèle « off-shore », trois sont en Nouvelle-Calédonie, c’est-à-dire autant que l’usine du Nord en pleine production.
Pierre Bretegnier n’est pas non plus censé ignorer que le territoire a exporté 12,7 millions de tonnes de minerai au cours des trois dernières années, soit l’équivalent de 167 000 tonnes de nickel métal contenu. Un peu plus de 60 % de ce volume a été exporté vers les fondeurs japonais et australiens par la SLN et des petits mineurs, pour la plupart travaillant pour, voire sur l’immense domaine de la SLN. Or, sur la base des performances de l’usine de la SMSP, il est aujourd’hui prouvé que le manque à gagner de l’exportation de minerai brut est considérable. D’où l’intérêt, pour le pays comme pour les sociétés exportatrices, de s’inscrire dans cette démarche industrielle et commerciale innovante visant à destiner ces minerais à faible teneur, ne pouvant pas être traités localement, vers de nouvelles voies de valorisation intégrée.
Valoriser. Mais en attendant, le groupe Eramet tire les profits du nickel calédonien au travers de sa filiale qui détient plus de 53 % de la surface concédée, avec les plus belles mines du territoire et surtout toutes celles qu’elle n’est pas en mesure de valoriser, et dont elle préfère exporter ou faire exporter le minerai sans retour de valeur ajoutée plutôt que le valoriser avec la SMSP. En dépit de son patrimoine minier exceptionnel et de l’emprise qu’il exerce sur les sociétés locales tributaires de la ressource, le groupe Eramet s’installe en Indonésie, à Weda Bay, sans créer d’emplois en Nouvelle-Calédonie, afin de concurrencer sa propre filiale. C’est peut-être cela la délocalisation !

Bio express : Dominique Nacci est le directeur des relations publiques du groupe SMSP, membre du Conseil économique et social, du Syndicat des industries de la mine, et des Conseillers du commerce extérieur. Il a travaillé pour le cabinet Coopers & Lybrand, pour le groupe Johnston, et fut chef comptable d’Aircalin. Titulaire d’un doctorate of philosophy de l’université de Canberra, il a également été conseiller auprès du secrétaire général du Parlement fédéral australien, de la Chambre de commerce et d’industrie, et fut directeur du colloque international « Nickel 2010 en Nouvelle-Calédonie », organisé par l’USOENC en 2005.
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