vendredi 27 juillet 2012

SDF : enjeu social ou politique ?


Inspiration : Articles des Nlles Calédoniennes de 25 et 27/07/2012
« Pas à l’abri des violences » & « Éliminer un « nuisible » »- voir en fin de post.

Les SDF, pas plus que les autres …

Ainsi les SDF subissent des violences !
Et c’est avec un meurtre que l’on en prend conscience ?
Mais comme toutes les couches de la population,
Ils risquent, tous les jours, une nouvelle agression.

Pourquoi des chauffards tuent et des voyous agressent ?
Que d’autres, au tribunal, fier de leurs palmarès,
Expliquent qu’ils ont fait du vol leur métier ?
Qu’on découvre aujourd’hui une race des justiciers ?

Tout ça n’est pas nouveau, on se voile la face.
Autrefois les média étaient moins efficaces,
Ou n’était pas contraints, pour augmenter leur vente,
De titrer sur des crimes ou des misères pesantes !

Retour à la case départ … mais laquelle ?

Accuser les élus d’être peu efficace,
C’est pour notre conscience, éviter la disgrâce.
Car les élus n’ont pas à être généreux
Par contre pragmatique, ils doivent l’être pour deux.

Alors, s’il faut payer quelques billets d’avion
À des zoreilles piégés par une télé bidon,
Faites, Madame Panchou, avec notre pognon,
Ça coutera moins chère qui toutes vos digressions.

Mais ne faites pas dire au maire de Nouméa
Que la misère des gens ne le tracasse pas.
Car certaines structures, qui perdurent aujourd’hui,
Croyez moi, je le sais, existent grâce à lui.

Les causes … le remède …

Accident de la vie ou perte de repère,
Les motifs sont nombreux pour tomber en galère.
Autant que de l’argent, il faut céder du temps,
Pour donner à ces gens un style de vie décent.

La politique sociale parait toujours miteuse
À ceux qui la commentent assis dans leur causeuse.
Mais si parfois il manque un peu subvention,
Ce n’est que dans l’humain qu’on trouve la solution.

Faut-il des bénévoles ou de vrais salariés ?
Qu’importe il faut des gens qui savent écouter.
Et trouver de l’argent relèvent des élus,
Qui doivent faire des choix un peu moins saugrenus.*


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Article des Nouvelles Calédoniennes du 25/07/2012 : « Pas à l’abri des violences »

Le récent meurtre d’un sans-abri pose la question de leur sécurité. Souvent victimes de « bandes de jeunes », ces SDF n’épargnent pourtant pas leurs partenaires de galère. Quant aux structures d’accueil, elles optent aujourd’hui pour « la mise en protection ».

Depuis plus d’un mois Marie-Carmen vit dans la rue. A 39 ans, suite à un « problème familial », elle « a tout laissé tomber » : son travail et son fils qu’elle ne voit plus que « le mercredi ».
Doux et rond, barré d’un large sourire, son visage est loin de traduire ses dernières « semaines de galère ».
Hier, elle était à l’association L’Accueil pour « voir ses amies, parler un peu » mais cette nuit, elle a dû la passer « sur les quais, seule ». Depuis qu’elle est dans la rue, Marie-Carmen vit cachée, car elle est sans cesse attaquée par ses compagnons d’infortune « qui en veulent » à ses « affaires » mais aussi par « des bandes de jeunes qui viennent nous tabasser et nous voler. Des fois, ils viennent, ils me touchent, moi je dis non mais ils continuent. Alors, maintenant j’ai un couteau, c’est plus sûr. »
Victimes. Des SDF victimes de violences ? « C’est un fait, répond Nathalie Bolaton, directrice de l’association L’Accueil. Mais en parler simplement pour rebondir sur le meurtre de ce SDF la semaine dernière serait stigmatiser les sans-abri. Cet homme, nous ne le connaissions pas. Il n’était jamais venu chez nous et ce n’est pas la victime d’un SDF. Il y a certes de la violence, mais les SDF en sont souvent les victimes. » Nathalie Bolaton a pris la direction de l’Accueil il y a six mois et note « une augmentation du nombre d’accueillis entrant au centre pour être en sécurité ». Si bien que depuis quelque temps L’Accueil joue plus souvent son rôle de « mise en protection » [lire ci-contre]. « Les femmes sont des cibles privilégiées. Quand nous sommes contraints d’en refuser, certaines ressortent pour ne pas laisser leur amie seule dans la rue. »
Banaliser. Tamara a trouvé une place en foyer et « commence à remonter la pente ». Encore à la rue il y a six mois, elle reconnaît qu’« il y a quelques années, ça allait encore mais maintenant c’est chacun pour soi car on est trop nombreux. Mieux vaut garder secret nos coins sinon tout le monde arrive et c’est ingérable. » « Certains sont tous les soirs à L’Accueil mais la journée tout peut leur arriver, renchérit Nathalie Bolaton. Certaines sont victimes de viol mais racontent ça comme si elles donnaient leur liste de courses. Elles banalisent cette violence parce qu’elles n’en ont plus conscience. » L’alcool et la drogue n’aident en rien ces personnes déjà en marge de la société. « Sans oublier que depuis l’interdiction de vente d’alcool, elles boivent de l’alcool à brûler », lance Nathalie Bolaton.
Marie-Carmen refuse de côtoyer « ceux qui ont trop bu. Je préfère la compagnie de mon couteau. Parfois, la colère monte et je peux être agressive… Mais il faut me comprendre. »
Le chiffre
250 : C’est le nombre de SDF répertoriés en Calédonie. Ils vivent principalement dans les rues et les foyers de Nouméa. A noter que 113 personnes supplémentaires ont été répertoriées entre les mois de juillet 2011 et de juillet 2012.
Trois foyers - Seules trois structures accueillent les personnes majeures en état d’exclusion : L’Accueil, structure de jour à vocation humanitaire qui propose des repas chauds, des sandwiches le soir, des petits-déjeuners mais aussi de quoi se doucher ou faire sa lessive et une cyberbase, le foyer de nuit pour hommes Cécile-Peronnet (25 lits + un d’urgence) puis le foyer de nuit pour femmes Les Massanes (5 lits + un d’urgence). Tous les deux sont situés à la Vallée-des-Colons. Les femmes avec enfants peuvent être, elles, accueillies au foyer Béthanie. Quant aux familles, elles sont gérées par le centre les Manguiers. A Dumbéa, l’association Case Départ facilite, elle, l’insertion sociale et professionnelle des personnes SDF (ateliers de réadaptation au travail et de socialisation).

Questions à… Pascale Doniguian-Panchou, présidente de Case départ
« La misère humaine n’est pas une priorité »
Les Nouvelles calédoniennes :
Le visage de la misère sociale est-il en constante évolution ?
Pascale Doniguian-Panchou : Oui. Parmi les sans-abri, il y a désormais des Européens, ces gens qui pâtissent de l’effet « M6, Eldorado ». Ils sont venus, n’ont pas trouvé de travail, mais restent car ils n’ont plus l’argent pour se payer un billet retour. Nous avons plus de Tahitiens, un peu moins de Wallisiens-et-Futuniens mais toujours autant de Mélanésiens. Ce qu’il faut savoir, c’est que nous enregistrons quarante demandes par jour pour intégrer un foyer d’hommes qui n’a que 25 places et huit demandes par jour pour 5 lits disponibles au foyer pour femmes.
Ces sans-abri sont-ils victimes de violences ?
La violence entre sans-abri existe, mais ils sont aussi victimes de violences. Mais la violence augmente partout, alors pourquoi les SDF seraient-ils épargnés ? Aujourd’hui, beaucoup d’entre eux ont des armes blanches pour se défendre. Mais il faut savoir que cette violence provient de cette misère, des addictions favorisant les troubles psychiatriques et le manque de structures n’arrange rien.
Certains disent que les bandes de jeunes les agressent…
Beaucoup de jeunes venus de la Brousse vers la ville s’en prennent aux SDF. En situation précaire, ils traînent en ville pendant les grandes vacances, les grands rendez-vous culturels, ou pour célébrer un mariage, assister à un enterrement.
Souvent, ça dérape et ils frappent les plus vieux, qui sont vulnérables et moins respectés. Ces jeunes en marge, c’est notre bombe à retardement et, selon une étude, ils seraient entre 10 000 et 12 000.
Multiplier les structures serait-il la solution ?
Les centres sont pleins et sont contraints de refuser des SDF qui se mettent en danger et sont un danger. Le CHS manque de places lui aussi et les injonctions de suivi ne peuvent être honorées. Il nous faut des centres d’accueil adaptés et bien pensés qui nous permettraient de remettre ces SDF dans le circuit économique. Mais nous manquons de moyens et les structures qui existent crèvent de faim ! L’Accueil accuse un gros déficit mais on a baissé ses subventions, c’est désolant ! Même la mairie voudrait éloigner les SDF du centre-ville, récupérer les locaux de L’Accueil pour y mettre ses archives… La misère humaine n’est pas une priorité. Les SDF, ce n’est pas sexy.
Marion Pignot
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Article des Nouvelles Calédoniennes du 26/07/2012 : « Éliminer un « nuisible » »

C’est parce qu’il ne supportait plus les SDF, des êtres « nuisibles » qu’un homme de 31 ans a froidement assassiné Eugène Toma, la semaine dernière, dans un parc de l’Orphelinat. Il a attendu le moment propice pour lui tirer deux balles dans la tête.


Les enquêteurs s’attendaient à tout sauf à ça. L’auteur présumé du meurtre d’un SDF de 41 ans, la semaine dernière, aurait minutieusement préparé son crime pour abattre froidement Eugène Toma.
« Et ses motivations font froid dans le dos », a même convenu hier Claire Lanet, la procureure de la République, qui a précisé les raisons qui auraient conduit Orphée Boudry, 31 ans, à abattre le SDF en plein sommeil.
Tout aurait commencé au début du mois de juillet. Le jeune homme, qui réside dans un appartement de la Baie-des-Citrons, avait semble-t-il l’habitude de croiser le SDF.
Au cours de l’une de ces rencontres, Eugène Toma aurait demandé à son futur meurtrier présumé une petite pièce, ce qui l’aurait passablement énervé. C’est là qu’il l’aurait violemment frappé, d’une gifle au visage. A tel point qu’il se serait fait mal à la main. « Cette douleur aurait empêché ce jeune homme très sportif de faire des pompes ou de s’exercer au tir », a expliqué hier Claire Lanet. Pris de colère, il aurait alors mûri son projet : éliminer le SDF.
Filature. « C’est comme cela qu’il l’a discrètement suivi pendant quelques jours, poursuit la procureure, afin de déterminer le moment le plus propice pour passer à l’action. »
Au cours de sa filature, il a également indiqué que des passants et une commerçante ont regardé le SDF « avec dégoût », ce qui l’aurait conforté dans son intention de « l’éliminer ». Ce sont les propres termes qu’il a employés lors de sa garde à vue, au cours de laquelle il aurait reconnu les faits sans difficultés.
Mardi de la semaine dernière, en début d’après-midi, il l’a suivi jusqu’à un parc en pente de la Baie-de-l’Orphelinat situé rue Tindale. Il l’a vu s’allonger dans l’herbe, sous un tamarinier. Là où les riverains avaient l’habitude de le voir.
Devoir. Orphée Boudry aurait alors garé sa voiture, en serait sorti, muni d’un fusil de calibre 22. « Il a choisi cette arme parce qu’il la savait particulièrement silencieuse », a précisé hier Claire Lanet. Il aurait visé la tête du SDF, alors qu’il était endormi. Il aurait attendu cinq secondes et pour être sûr d’accomplir son dessein, aurait tiré une seconde fois, toujours à la tête, avant de repartir, avec « le sentiment du devoir accompli », selon les termes qu’il aurait employés lors de ses aveux.
« Tout au long de son interrogatoire, il n’a exprimé aucun remords, a encore précisé Claire Lanet. Il a décrit les SDF comme des êtres commettant des actes d’incivilité et donc nuisibles à la société, dont la vie n’a aucune valeur à ses yeux. Il était exaspéré et s’est dit qu’il devait agir. »
Avant cette trajectoire personnelle insensée de « justicier dans la ville », qui donnera certainement du grain à moudre aux experts psychiatres, ce jeune homme ne s’était pas fait connaître de la justice pour un coup d’éclat de cette ampleur. Tout juste une affaire de violences volontaires, il y a quelques semaines de cela, après une altercation avec un automobiliste.
Assassinat. Mardi matin, après avoir remonté sa piste, les enquêteurs de la sûreté urbaine l’ont interpellé dans son appartement de la Baie-des-Citrons, où il se trouvait avec son amie. Pendant sa garde à vue, il s’est rapidement montré coopératif. Une remise en situation a même été effectuée sur les lieux du crime, avec sa participation active.
Ce matin, il devrait être présenté à la justice et être mis en examen pour « assassinat ». Devant la cour d’assises, il encourt la peine maximale. La réclusion criminelle à perpétuité.
Il vendait des sex-toys et pratiquait le tir dans un club
Comment Orphée Boudry, un jeune homme de 31 ans, apparemment « bien dans sa tête » comme le décrivent ceux qui l’ont brièvement côtoyé, a-t-il pu se transformer en meurtrier froid et déterminé ? Qu’est ce qui l’a conduit à mettre en œuvre son projet « d’éradication » d’un SDF, qu’il considère comme un « nuisible » ? Dans les annales judiciaires calédoniennes, le cas de figure est inédit.
Fasciné par les armes, Orphée Boudry l’est très certainement. Au point d’en posséder neuf (sept ont été découvertes chez lui, deux chez son amie), dont un calibre de grande chasse, une carabine 300 Remington. Un véritable arsenal, puisqu’il possédait aussi près d’un millier de cartouches de différents calibres.
Il aurait acheté une partie de ses armes sur Internet, d’autres chez les armuriers de la place. Certaines seraient régulièrement déclarées. Lui n’a en tout cas pas vu d’un mauvais œil la récente libéralisation de leur vente.
Il pratiquait aussi le tir dans un club du Grand Nouméa. « C’est quelqu’un de souriant, charmant, très sympa, qui venait fréquemment avec un copain », indique un membre du club. « Il était même attachant et semblait bien équilibré dans sa tête. Comme pas mal de monde, il venait faire du tir récréatif, pour décompresser. »
Mais le jeune homme semblait également très porté sur la violence, virtuelle en tout cas. Car chez lui, les enquêteurs auraient retrouvé quantité de jeux vidéo de combat. Hormis ses activités récréatives, le suspect, originaire de Draguignan, dans le sud de la France, aurait passé un CAP restauration, mais s’était semble-t-il orienté dans une toute autre voie. Installé depuis longtemps sur le Caillou - il a été scolarisé au collège Mariotti - il exercerait une activité de patenté, spécialisé dans la vente de… sex-toys.
Mais aussi de plantes végétales aux vertus médicinales, comme la spiruline, une algue microscopique. Un drôle de mélange pour un jeune qui ne cache pas, sur son profil Facebook, son inclination pour les sports de combat - l’ultimate fighting -, les molosses ou les idées d’extrême droite.
Une enquête rondement menée : Les enquêteurs du groupe d’atteinte aux personnes (sûreté urbaine) n’ont pas traîné pour mettre un nom sur le meurtrier présumé d’Eugène Toma.
Ce SDF de 41 ans avait grandi dans le quartier Nickel’s, à Rivière-Salée, où il était connu pour être le gardien de but de l’équipe de foot lors des tournois interquartiers. Et il était réputé pour sa résistance physique.
Mardi 17 juillet, lorsque les voisins alertent les pompiers et la police, inquiets de ne pas l’avoir vu bouger de la journée, face contre terre, les policiers démarrent une enquête de voisinage.
Un témoignage va leur donner un grand coup d’accélérateur. Celui d’un riverain, qui se souvient avoir vu un Range Rover gris, aux vitres arrière teintées, un modèle assez ancien. Ce même voisin qui croit avoir entendu deux détonations.
Grâce à la marque du véhicule, ils établissent une liste d’une centaine de suspects. En procédant par élimination, ils parviennent à identifier un nom. Et se rendent rapidement compte que le suspect a enregistré sous son nom plusieurs armes à feu. Raison pour laquelle ils prennent leurs précautions, mardi à l’aube, pour interpeller leur suspect, avec le concours du GIPN.
1 000 : Près d’un millier, c’est le nombre de munitions de différents calibres que les policiers ont retrouvées au domicile de l’auteur présumé du meurtre d’Eugène Toma, apparemment fasciné par les armes à feu. Au point d’en détenir neuf, des fusils et une arme de poing.
Pierrick Chatel

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