Inspiration :
Article des Nlles Calédoniennes du 02/07/2012
« Chercheurs
en reconnaissance » Voir l’article en fin de post.
Il nous faut saluer ces doctorants kanaks
Qui, grâce à leur travail, sont devenus des cracks.
Atteindre ces sommets fut pour eux difficile,
Comme trouver du travail sur notre petite île.
Ils semblent peu nombreux, étant une quinzaine.
Ils sont de cette ethnie, qu’ils affichent sans peine.
Mais sur la France entière, c’est la même proportion,
Pour une population de soixante-six millions. *
Sachant qu’en
métropole, un tiers sont étrangers,
Et sont, culturellement, parfois handicapés.
Pour trouver un travail, les doctorants galèrent,
Qu’ils soient kanak ou blanc, ce n'est pas ça l'affaire.
Si le secteur public en accueille quelques-uns,
Le nombre des emplois y est aussi restreint.* *
Mais la Calédonie semble avoir réservé,
Aux enfants du pays, des places privilégiées.
Alors laisser entendre qu’on les a oubliés,
Que parce qu’ils sont Kanaks, on les laisse de côté,
Ou bien que leur carrière s’en trouve un peu freiner,
Sont des affirmations plutôt exagérées.
Face aux difficultés, toujours la même excuse,
C’est les autres ethnies, le système qu’ils accusent.
S’ils en sont encore là, après toutes ces études,
Notre destin commun est plein d’incertitudes.
* Proportion de doctorants.
Doctorants
|
Population
|
Rotio
|
|
France Entière
|
10 000
|
65 967 000
|
0,015%
|
Kanak
|
15
|
99 000*
|
0,015%
|
*
Nombre de personnes qui se sont déclarées Kanak lors du recensement de 2009
** L'insertion des docteurs reste difficile
Lien source :
http://www.emploi-scientifique.info/display.php?id=4311
Les premiers résultats de l'enquête
Génération 2004 du Céreq, qui photographie en 2007 la situation professionnelle
des jeunes sortis de l'enseignement supérieur en 2004, montrent que les
difficultés d'insertion perdurent pour les docteurs.
Premier indicateur de ces difficultés : le taux de chômage, qui reste anormalement élevé trois ans après l'obtention du doctorat (11% en lettres et sciences humaines, 10% en mathématiques, sciences et techniques). Anormalement parce que, comme le montre bien l'enquête, plus le niveau de qualification augmente, plus le taux de chômage est censé baisser. Sauf pour les docteurs, qui ont le triste privilège de moins bien s'insérer que les diplômés d'un master recherche (taux de chômage à trois ans de 7% en lettres, de 5% en sciences) ou d'un master professionnel (6% en lettres, 5% en sciences).
Deuxième indicateur : la proportion de docteurs qui sont encore, trois ans après la soutenance de leur thèse, sur des emplois à durée déterminée (32% en lettres et sciences humaines, 38% en mathématiques, sciences et techniques). Là encore, la comparaison avec les titulaires d'un master est cruelle, que ce master soit recherche (31% de CDD en lettres, 30% en sciences) ou professionnel (27% de CDD en lettres, 22% en sciences).
Rêve et réalité
Enfin, le Céreq (1) livre un troisième indicateur qui, s'il n'explique pas tout, suggère néanmoins un éclairage pour comprendre partiellement ces anomalies. Il se trouve que, si l'on excepte les diplômés des filières spécialement dédiées à exercer un emploi dans le public (les instituts universitaires de formation des maîtres par exemple), ce sont les docteurs qui, de tous les diplômés du supérieur, sont proportionnellement les plus nombreux à rejoindre le secteur public (64% en lettres et sciences humaines, 50% en mathématiques, sciences et techniques, alors que ce pourcentage n'est que de 33% pour l'ensemble des diplômés LMD).
Autrement dit, la combinaison de ces différents indicateurs montre qu'il y a toujours, pour les docteurs, un décalage entre le rêve de faire carrière à l'université et dans les organismes de recherche et le nombre d'emplois pérennes qui y sont réellement disponibles.
(1) Centre d'études et derecherches sur les qualifications
·
Etre diplômé de l'enseignementsupérieur, un atout pour entrer dans la vie active
Bref n° 253, Céreq, juin 2008
Bref n° 253, Céreq, juin 2008
·
Génération 2004, des jeunespénalisés par la conjoncture
Bref n° 248, Céreq, janvier 2008
Bref n° 248, Céreq, janvier 2008
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Article des Nlles
Calédoniennes du 02/07/2012
« Chercheurs en
reconnaissance »
Le Parti
travailliste a organisé ce week-end un séminaire sur les grands thèmes de
société actuels. Au menu : des ateliers et des conférences animés par huit
docteurs kanak. Ils seraient une quinzaine sur le Caillou. Trop peu sollicités,
ces intellectuels n’ont pourtant pas tous faits le choix de la discrétion.
Charly
Zongo, Sonia Grochain et Richard Waminya ont participé, samedi, sans
attachement politique, au séminaire du Parti travailliste.
Réunis à
l’université de Nouvelle-Calédonie (UNC), samedi, par le Parti travailliste,
Paul Fizin, docteur en histoire moderne, Richard Waminya, docteur en sciences
de l’éducation, Sonia Grochain, docteur en sociologie, ou encore Samuel
Gorohouna, docteur en économie, ont parlé « agriculture en tribu », « histoire contemporaine
du Pacifique », « inégalités ethniques » ou « enjeux de la citoyenneté
calédonienne face au droit national français ». L’affiche est longue et belle,
les thèmes précieux.
Mais, lorsque la société civile organise des tables rondes ou quand les médias recherchent une analyse aiguisée et sensée, rares sont ces brillants docteurs Kanak à être sollicités ou à faire parler d’eux.
Oralité. « Il doit y avoir une quinzaine de docteurs Kanak. Nous n’avons pas une large visibilité certes, mais même si notre culture est orale, certains, comme moi, ne sont pas tombés dans la marmite étant petits », note Charly Zongo. « La discrétion fait partie de notre culture. Nous ne nous mettons pas naturellement en avant », confirme Sonia Grochain, chercheuse au sein de l’Institut agronomique néo-calédonien (IAC) de Pouembout.
Inconnue du grand public, celle qui préfère le terrain au « bla-bla » ira à Brisbane en septembre pour participer à un colloque avant de s’envoler pour le Vanuatu en novembre. « Je n’ai pas l’impression d’être si peu connue. Je suis toujours surchargée de boulot. Il faut dire que le monde de la recherche est un cercle fermé. En fait, nous sommes connus mais peu reconnus. »
Coincé derrière son bureau, au troisième étage du gouvernement, Charly Zongo, en mal de « terrain et de problématique à résoudre » ne peut qu’acquiescer, tout comme ces docteurs kanak présents samedi à l’UNC et qui travaillent dans l’administration où le statut même de docteur est inconnu. « J’ai un collègue docteur qui a dû repartir en Métropole afin d’obtenir son diplôme d’ingénieur pour être embauché », regrette le docteur ès physiologie, professionnel des milieux ultramafiques, c’est-à-dire riche en magnésium et en fer... « Au gouvernement, les dossiers sont intéressants mais j’ai besoin de faire travailler mes méninges. »
Frein. Alors l’ancien étudiant strasbourgeois revenu boucler sa thèse sur le Caillou profite des séminaires pour agiter sa matière grise et pour montrer aux jeunes Kanak que « quand on veut on peut ». « Des hommes comme Tjibaou puis Edouard Hnawia ont ouvert la voie, à nous de continuer de tracer le chemin. Mon père m’a dit « si tu ne le fais pas pour toi, fais-le pour le pays ». Nous ne sommes pas présents parce que nous sommes encore peu nombreux. A nous de nous faire entendre », lance celui qui a accumulé les mentions.
Sonia Grochain a, elle, fait le choix de bosser dur pendant plus de deux ans pour financer ses études à Caen puis à Paris. « Je savais que je voulais être sociologue même si je vois bien qu’aujourd’hui je ne maintiens le lien avec la tribu qu’à travers mes enquêtes. En fait, peu de jeunes suivent cette voie car elle est bien trop éloignée du monde kanak. »
Ce monde kanak, cette « seconde vie », comme la définit Charly Zongo, peut parfois être également un frein à l’épanouissement professionnel. « Une fois de retour au pays, la vie tribale nous reprend. Je suis redevenu Charly le petit frère, de tel clan, de tel district avec une hiérarchie à respecter, un rôle à jouer. Dans cette vie-là, pas question d’être docteur en physiologie mais je ne veux pas m’en écarter non plus. »
Mais, lorsque la société civile organise des tables rondes ou quand les médias recherchent une analyse aiguisée et sensée, rares sont ces brillants docteurs Kanak à être sollicités ou à faire parler d’eux.
Oralité. « Il doit y avoir une quinzaine de docteurs Kanak. Nous n’avons pas une large visibilité certes, mais même si notre culture est orale, certains, comme moi, ne sont pas tombés dans la marmite étant petits », note Charly Zongo. « La discrétion fait partie de notre culture. Nous ne nous mettons pas naturellement en avant », confirme Sonia Grochain, chercheuse au sein de l’Institut agronomique néo-calédonien (IAC) de Pouembout.
Inconnue du grand public, celle qui préfère le terrain au « bla-bla » ira à Brisbane en septembre pour participer à un colloque avant de s’envoler pour le Vanuatu en novembre. « Je n’ai pas l’impression d’être si peu connue. Je suis toujours surchargée de boulot. Il faut dire que le monde de la recherche est un cercle fermé. En fait, nous sommes connus mais peu reconnus. »
Coincé derrière son bureau, au troisième étage du gouvernement, Charly Zongo, en mal de « terrain et de problématique à résoudre » ne peut qu’acquiescer, tout comme ces docteurs kanak présents samedi à l’UNC et qui travaillent dans l’administration où le statut même de docteur est inconnu. « J’ai un collègue docteur qui a dû repartir en Métropole afin d’obtenir son diplôme d’ingénieur pour être embauché », regrette le docteur ès physiologie, professionnel des milieux ultramafiques, c’est-à-dire riche en magnésium et en fer... « Au gouvernement, les dossiers sont intéressants mais j’ai besoin de faire travailler mes méninges. »
Frein. Alors l’ancien étudiant strasbourgeois revenu boucler sa thèse sur le Caillou profite des séminaires pour agiter sa matière grise et pour montrer aux jeunes Kanak que « quand on veut on peut ». « Des hommes comme Tjibaou puis Edouard Hnawia ont ouvert la voie, à nous de continuer de tracer le chemin. Mon père m’a dit « si tu ne le fais pas pour toi, fais-le pour le pays ». Nous ne sommes pas présents parce que nous sommes encore peu nombreux. A nous de nous faire entendre », lance celui qui a accumulé les mentions.
Sonia Grochain a, elle, fait le choix de bosser dur pendant plus de deux ans pour financer ses études à Caen puis à Paris. « Je savais que je voulais être sociologue même si je vois bien qu’aujourd’hui je ne maintiens le lien avec la tribu qu’à travers mes enquêtes. En fait, peu de jeunes suivent cette voie car elle est bien trop éloignée du monde kanak. »
Ce monde kanak, cette « seconde vie », comme la définit Charly Zongo, peut parfois être également un frein à l’épanouissement professionnel. « Une fois de retour au pays, la vie tribale nous reprend. Je suis redevenu Charly le petit frère, de tel clan, de tel district avec une hiérarchie à respecter, un rôle à jouer. Dans cette vie-là, pas question d’être docteur en physiologie mais je ne veux pas m’en écarter non plus. »
« L’UNC m’a fermé la porte »
« Je devais
à une époque prendre la suite logique de mon maître de conférence en devenant
moi aussi professeur en physiologie à l’université de Nouvelle-Calédonie.
L’occasion était belle d’y entrer, mais on m’a fermé la porte », explique
Charly Zongo. « L’école doctorale créée il y a moins de dix ans a lancé la
machine reste qu’à partir d’un certain niveau de compétence l’idée du destin
commun n’est plus là », ajoute celui qui a mené sa thèse sous l’égide de Bruno
Fogliani. « La bataille rangée pour la présidence de l’UNC entre Edouard Hnawia
et Jean-Marc Boyer a fait beaucoup de mal. Aujourd’hui je travaille au
gouvernement mais je sais qu’à l’UNC les Kanak ont été mis à l’écart des
leviers de décisions. » « Pour l’instant nous sommes encore trop peu pour
pousser la machine sociétale. Mais j’ai bon espoir qu’avec le temps nous
parviendrons à travailler ensemble », insiste le thésard de 32 ans. Lors de sa
soutenance en 2007, des pontes venus du Kentucky ont bien jugé son approche des
semences en milieu ultramafique. Mais si sa thèse a ainsi joliment dépassé les
frontières de la Calédonie, aujourd’hui le docteur semble avoir mal à sa
carrière.
Marion
Pignot
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