mardi 11 février 2014

Un cœur en silicium.

Une centrale photovoltaïque !
En forme de cœur, c’est pathétique.
Ça renchérit les coûts techniques,
Mais c’est pour ça que c’est unique.
Et comme c’est écologique,
Peu importe d’où vient le fric !

Le risque investisseur
L’investissement est-il risqué ?
Quelle est sa rentabilité ?
Les Nouvelles en disent bien peu,
Juste des chiffres nébuleux.
Ça nous donne quand même une idée,
Des avantages de ce projet.

Avec un client garanti,
À qui on impose le prix,
Le chiffre d’affaire est gagné
Avant même de commencer.
Le risque est donc bien limité,
Il n’est pas vraiment financier.

Prix de vente et prix de revient
Donnent un résultat anodin.
Mais le coût d’investissement
S’étale sur plus de vingt ans,
C’est donc sur le fonctionnement
Qu’ils pourront gagner de l’argent.

S’il y a un risque technique
Il est lui aussi famélique,
Car la technique est éprouvée
Depuis de nombreuses années.
Et tous les progrès annoncés,
Ne peuvent que les diminuer.

Ce projet pour l’investisseur
Se présente comme un vrai bonheur.

Le risque consommateur
Enercal va devoir acheter,
Et tenter de distribuer,
Une production anecdotique
À des clients souvent critiques.
Quoiqu’il arrive, elle va régler
Les pertes en lignes, les impayés.

Les subventions sont biens cachées,
Dans les factures des usagers.
Si Enercal perd de l’argent
Faite confiance au gouvernement.
Vos impôts boucheront le trou,
Et vous en payerez le coût.

Pas de défisc dans ce projet,
Les calédoniens vont payer.

Le risque environnement
Aujourd’hui, pour l’écologie
Cette énergie est pain béni.
Mais qui s’interroge déjà,
Comment on va recycler ça ?
Et les pollutions générées
Par la filière dans son entier ?

Le solaire parait écolo,
Mais il a un côté scato.*
Quand il fabrique ses panneaux
Il pollue l’air, la terre et l’eau.
Et ce n’est pas quelques moutons,
Qui vont réduire cette pollution.
Voir en fin de post : Électricité photovoltaïque et pollution,
ou la nécessité de développer l’écologie industrielle.
On doit aussi s’interroger
Sur tous les hectares occupés,
Loin des lieux de consommation,
Ça augmente les déperditions.
En utilisant les toitures
Ça serait mieux pour le futur.

Épilogue.
L’apparence peut être trompeuse,
L’écologie n’est pas radieuse.
Ce n’est pas sur un coup de cœur,
Qu’on rend la technique meilleure.
Et que tous les coûts s’évaporent,
Sans que l’on fasse le moindre effort.

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Les Nouvelles Calédoniennes du 08/02/2014
Pouenbout : une centrale photovoltaïque produira de l’électricité d’ici la fin de l’année
Un deuxième cœur à VKP

L’un des rares projets de centrale photovoltaïque du pays va être construit dans la plaine de Pouembout. Les travaux devraient débuter en avril au plus tard, pour une entrée en production avant décembre. Et l’apparence de la centrale sera inédite.

Ecolo jusqu’au bout, le projet sélectionné par le gouvernement, et conçu par la Sarl Tiea Energie, prévoit que des moutons assurent l’entretien des pelouses.

«Pour nous, c’est un projet très excitant, s’enthousiasme Boualem Benkoussa, gérant de la SARL Ambi Energy. C’est aussi une façon de montrer qu’en Nouvelle-Calédonie, on est capable de faire des projets hors du commun et que nous n’avons pas à rougir de notre niveau de compétence par rapport à ce qui se fait dans le monde. » Et en effet, le projet pour lequel la société a été désignée maître d’œuvre est pour le moins singulier.

Technologies. Déjà parce qu’il parle énergies renouvelables, ce qui reste encore assez marginal dans le pays. Un appel à projets lancé par le gouvernement en 2012 semble indiquer une volonté de développer la production d’électricité à partir d’énergie solaire. À cette époque-là, on part de rien, ou presque. Aussi, avec un objectif de production affiché de deux mégawatts, on double tout simplement la production actuelle d’électricité par photovoltaïque en Calédonie. Singulier aussi, parce que le projet, conçu par la SARL Tiea, a un look qui ne peut laisser indifférent. Ici, comme ailleurs : « C’est une première mondiale : une centrale de cette forme, personne n’a jamais fait cela ! » souligne Boualem Benkoussa. Car la fameuse ferme voltaïque sera en forme de cœur, un clin d’œil au cœur voisin, celui de la mangrove de Voh. Une installation qui n’est pas sans défis : « Cette forme singulière nous oblige à adapter nos technologies. » Alors si les détracteurs des centrales photovoltaïques leur opposent régulièrement leur manque d’esthétique, ils pourraient être surpris par celle-ci. « En survolant la région, il sera bientôt possible de voir le cœur de Voh… Et le nouveau cœur de Pouembout ! » sourit M. Benkoussa.

Dynamique. Au-delà de l’esthétique, c’est bien la performance qui est visée. En termes plus techniques, la centrale représentera 13 000 m2 de panneaux solaires. Le site choisi, situé au pied du plateau de Tia, à une dizaine de kilomètres du village, permettra leur implantation, sur un peu moins de cinq hectares. Le matériel, importé d’Europe, est taillé sur mesure pour permettre cette forme originale. Le projet dans son ensemble représente un coût de 640 millions de francs, entièrement financé par des investisseurs privés et sans défiscalisation. L’aide apportée par le gouvernement, à l’origine de l’appel à projets, se traduit par son engagement quant au prix du rachat de l’électricité, par le biais d’Enercal. Ainsi, si le prix de revient du kilowatt est estimé à 26,30 francs, il sera racheté à 27,50 francs par Enercal. « 1,20 franc par kilowatt, ce n’est vraiment pas une marge énorme », défend Boualem Benkoussa. Dans ce coût global, 150 millions seront dévolus à la construction de la centrale, dont le chantier devrait démarrer en avril prochain avec les premiers terrassements. « Nous ferons appel aux entreprises du Nord pour ce chantier, notamment pour le terrassement, indique le maître d’œuvre. C’est important en cette période de démobilisation, ça donne des perspectives, et, à notre échelle, on crée une petite dynamique. » Une petite cinquantaine de personnes pourrait ainsi travailler autour de ce chantier. L’objectif affiché étant que ce petit cœur puisse diffuser son énergie avant la fin 2014.

3 060
C’est, en mégawatts par an, le rendement estimé de la ferme photovoltaïque de Pouembout. Ces estimations se basent sur les données historiques de Météo-France en matière d’ensoleillement dans la région. Cette énergie permettrait d’alimenter environ 800 habitations en électricité.

Repères

Puissance crête
Le jargon du métier comprend nombre d’expressions assez abstraites pour le néophyte. La « puissance crête » correspond à la puissance que l’on peut obtenir d’un panneau solaire alors que le soleil est à son zénith. En Nouvelle-Calédonie, cela représente 5 heures par jour en été, et 3,5 heures par jour à la saison fraîche. Pendant ces heures les plus ensoleillées, un seul panneau peut produire 250 watts par heure.

Le solaire, petit à petit
La première centrale photovoltaïque du pays a été implantée à Tontouta en 2010. Baptisée Helios Bay, elle a une capacité de 2 mégawatts, comme celle de Pouembout. Pour l’heure, les autres projets avalisés par le gouvernement concernent une centrale au sol au centre d’enfouissement de Ducos (1 mégawatt), une sur la toiture du port autonome de Nouméa (1 mégawatt) et une centrale au sol à Lifou (248 kilowatts).

Clémence Losserand

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Électricité photovoltaïque et pollution,
ou la nécessité de développer l’écologie industrielle.

Le silicium utilisé pour les semi-conducteurs doit être extrêmement pur et la purification laisse derrière elle une quantité de déchets dangereux (en particulier des composés chlorés) beaucoup plus grande que la quantité de silicium pur produit. La préparation de silicium pur part du quartz. Un .premier raffinage aboutit à du silicium-métal de qualité industrielle. En 1990, la production mondiale de ce silicium était d'environ 800 000 tonnes (800 kt), dont seulement 32 kt (4 %) ont. été convertis en silicium ultra-pur - le seul utilisable dans l'électronique par un procédé de purification exigeant plus de 100 kt de chlore et quelque 200 kt d'acides et solvants. De cette quantité de silicium ultrapur (SUP ; en anglais EGS, Electronic Grade Silicon), 10 % seulement était utilisé pour la fabrication de cellules photovoltaïques (PV). 4n constate par ailleurs un gaspillage de silicium considérable puisque, des 32 kt de SUP obtenues, on ne retrouve qu'un peu moins de 1 kt dans les produits finis (chips). Ce silicium gaspillé commence à être utilisé pour la production de cellules PV.

La production de cellules photovoltaïques est en augmentation très rapide. L'augmentation de la puissance installée mondialement a été estimée à 50 MW/an et, selon une projection de l'Office de l'énergie des États-Unis, elle pourrait atteindre 100 GW/an (soit 2000 fois plus) dans les années 2020-2030. Même si cette projection est très probablement exagérée, il faut s'attendre à ce que le photovoltaïque devienne, et de loin, le premier consommateur de SUP Et si rien ne change dans les processus de fabrication, les quantités de chlore, acides et solvants deviendraient monstrueuses et quasi impossibles à gérer. Déjà aujourd'hui, l'évacuation des déchets liquides dus à l'industrie des semi-conducteurs ne va pas sans mal et une grande partie est simplement rejetée dans le sous-sol, avec des conséquences à long terme difficiles à apprécier, mais potentiellement catastrophiques.

Le succès du photovoltaïque est certes réjouissant, mais son développement à grande échelle n'est acceptable que si les flux de matières qu'il provoque sont maîtrisés. La démarche de l'écologie industrielle, dont le but est d'utiliser les matières le plus possible en cycles fermés, apparaît ici comme absolument nécessaire. Par ailleurs, le photovoltaïque peut se contenter de silicium de pureté moins grande que les chips et les procédés de purification peuvent être rendus plus performants, tout en utilisant moins de chlore. Ce qui importe, c'est de résoudre ces problèmes avant que l'industrie du photovoltaïque ne se noie dans sa propre pollution.
Pierre Lehmann

* Données tirées de: Robert U. Ayres and Leslie W: Ayres, Industrial Ecology,
towards closing lite materials cycle. Edward Elgar Editor.
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