jeudi 30 janvier 2014

J’ai mal aux urnes !

Toutes les démocraties sont rongées par un mal
Qui, s’il ne les tue pas, les rendent très bancales.
Bien peu d’entr’elles en meurent, mais toutes sont touchées.
Le virus par les urnes, s’est bien développé.
Aucun vaccin n’existe pour les en préserver,
Aucun remède en vue qui puisse l’éradiquer.

Par le passé
Au départ, les peuples, plein de bonnes intentions,
Voulaient, des grands monarques, réduire l’oppression.
La plupart d’entr’eux, avec juste raison,
Firent, souvent violemment, une révolution.
Pour obtenir des droits et pour être entendus,
Ils fourbirent leurs armes, descendirent dans la rue.

Combien en ont souffert, combien ont disparu ?
La terreur a régnée bien qu’elle n’aurait pas due.
Et c’est dans des douleurs, parfois injustifiées,
Que des peuples ont acquis le droit d’aller voter.
Il fallut des années, voire des siècles entiers,
Pour que toutes les voix soient à égalité.

Au présent
Aujourd’hui, on tripote le corps électoral,
Au nom de droits innés, qu’on avait mis à mal.
Mais cet ethno-virus n’est pas dans ce sujet
Au fil de mon blog, j’en ai déjà parlé.
Voir notamment

Le vote est devenu une forme d’expression
Où, périodiquement, on donne son opinion.
Ou plus exactement, le peuple fait un choix,
Parmi des candidats, de plus en plus matois*.
Pour gagner le pouvoir, ils promettent beaucoup,
Ils flattent l’électeur et s’engagent sur tout.
* Matois = rusé et sournois
Les électeurs
C’est là que le système commence à se gâter,
La plupart des votants, le font par intérêt.
Les uns veulent des aides traitant leur propres cas,
Et d’autres que les charges soient tirées vers le bas,
Mais tous sont d’accord sur un point essentiel,
C’est que les autres payent la taille et la gabelle !

Chacun en sa maison, trouve ça naturel,
Et a des solutions plus ou moins structurelles.
Chacun sait comment faire pour  régler les problèmes,
Et jette sur les autres de nombreux anathèmes.
Or les élus entendent cette cacophonie
Venant de ceux-là même qui les avaient choisis.

Les élus
Ainsi notre congrès, sans vrai majorité,
Ne sait comment acter ces avis dispersés.
Les élus sont d’accords pour créer des recettes,
Mais aucun ne le veut au prix d’une défaite.
Parce que la TGA augmentera l’impôt,
Pour tous les électeurs, les petits comme les gros.

La TGA est prête depuis plusieurs années,
Mais chacun veut passer au travers du filet.
Alors ils accumulent le nombre de dispenses,
En réduisent le taux, repoussent l’échéance.
Ils finissent par en faire un texte inopérant,
Dont le vote serait, pour eux, compromettant.

Analyse
Ce blocage unanime pour voter des recettes,
Reflète un consensus digne de vraies lopettes.
Mais c’est aussi le fait des groupes de pression,
De tous les citoyens, contre l’imposition.

Ce mal n’est pas propre à la Calédonie,
Voyez les déficits dans de nombreux pays.
Tous sont démocratiques et très déficitaires
Sauf quand les élus osent une rigueur de fer.

Si l’intérêt public, que l’on met dans leurs mains,
Est de maximiser le bonheur de chacun,
Ils peuvent négliger les groupes de pression,
Et faire une politique pour la population.

Mais si leur objectif est la conciliation,
D’intérêts  singuliers, en pleine contradiction,
Ils se trouvent coincés par bien des coteries,
Et ne faisant plus rien, pénalisent le pays.

Moralité
Les élus sont couards,
Les électeurs avares.
Le courage politique
N’est pas démocratique.

Et les urnes gémissent
Chaque fois qu’on y glisse,
Un nouveau bulletin
Empli de turlupins.

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Les Nouvelles Calédoniennes du 27/01/2014
Politique : La victoire du surplace

Le rejet de la taxe générale sur les activités au Congrès est symptomatique d’un coup de frein sur les réformes durant l’actuelle mandature. La proximité des élections capitales de 2014 peut en être une raison. Mais le tournant des législatives a aussi joué un rôle.

Précédé d’un soupir explicite, le commentaire de ce collaborateur en dit long. « Les directions sont un peu découragées ». Des services de la grande administration calédonienne ont phosphoré, des experts ont été sollicités, des centaines de réunions ont été programmées… Néanmoins, des projets de réformes, majeures, restent sur le seuil de la porte. Et vont très probablement y demeurer jusqu’au terme de cette mandature 2009-2014. Le regret de fonctionnaires comme d’observateurs n’est pas émis vis-à-vis d’un dossier en particulier. Là est bien le problème, la déception porte sur un ensemble de mesures boudées ou oubliées du politique. Le pays est bel et bien difficilement réformable.

Zéro. Innovation aux retentissements emblématiques des luttes entre partis, la taxe générale sur les activités, la fameuse TGA, a été éjectée du Congrès, il y a un peu plus d’une semaine. Zéro voix pour. L’instauration envisagée de cette TVA calédonienne figurait pourtant dans le protocole de fin de conflit « vie chère » signé en mai 2013. La fiscalité, non pas indirecte, mais directe cette fois, fournit aussi son lot d’attentisme. Si la loi de défiscalisation destinée à soutenir pendant deux ans le BTP a été adoptée, deux textes patientent sur le bureau du Congrès depuis des mois : la réforme du barème de l’impôt sur le revenu, ainsi que la suppression de cinq niches fiscales et la fixation d’un taux de la contribution additionnelle à l’impôt sur les sociétés au titre des montants distribués. Quant à la fiscalité minière, le projet d’une redevance domaniale pourrait être examiné courant février… au gouvernement. Et rien ne sert de s'appesantir sur la réforme de la fonction publique, au point mort depuis 2011. Empilement des taxes à l’importation, pression sur la classe moyenne, aucune épargne tirée du nickel… Les urgences ne manquent pas. Où est alors le grain de sable ? « C’est la proximité des élections. Et c’est le [manque de] courage politique », pestait il y a quelques jours le président du gouvernement Harold Martin à la sortie du Congrès après l’éviction de la TGA. Est-ce tout ?

Radicalisation. La grave crise politique en 2011, illustrée par la multiplication des gouvernements - cinq dans l’année -, a totalement détérioré le climat serein nécessaire à toute révision en profondeur. Mais « les difficultés sont nées aux législatives, estime un universitaire. Le tournant est là, à ce moment de 2012. » Aucun parti loyaliste ne veut mêler ses voix aux indépendantistes. « Il y a donc une radicalisation des esprits. » Et les non-indépendantistes s’opposent à toute alliance entre eux. L’éclatement sur la scène. L’absence de majorité s’avère ainsi catastrophique lors de l’examen des lois. Les textes étaient pourtant prêts. Mais l’inertie l’emporte. Cette « évaporation » des réformes promet une chute de la crédibilité des partis politiques, aux yeux du grand public. Tel est le risque fort. « On a pensé aux dépenses durant la mandature, note un expert, mais le volet “recettes” n’a pas été voté. » Voilà pourquoi certains entrevoient les réformes s’imposer de fait durant le prochain mandat. Et ce, même si les questions sur l’avenir institutionnel accaparent l’exercice. La perspective de déficits sociaux en Calédonie, additionnés aux difficultés financières de l’Etat tricolore, forcera les élus à s’attaquer à de réelles modifications. Beaucoup en sont convaincus, à l’aune de la situation.

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C’est le nombre de possibilités d’imposition de la fiscalité douanière calédonienne, d’après une publication de 2011. Une illustration parmi d’autres de l’importance des réflexions à mener.

Repères

Un exemple de ralentissement…
Le constat de l'expert Jean-Pierre Lieb, inspecteur général des finances, auteur en 2011 d’un rapport sur la réforme globale de la fiscalité, était détonant : l'écart entre les revenus est considérable, et les Calédoniens aux gros salaires savent profiter des niches fiscales pour préserver leurs gains. Dans ce contexte, une réforme de la fiscalité directe était en cours d'examen en mars 2012. Mais quelques mois plus tard, le Rassemblement a invoqué l'urgence d'une révision de l'affectation d'impôts existants, avant toute autre modification majeure, mettant un point d’arrêt à la réforme.

« Des batailles »
« La Nouvelle-Calédonie a beaucoup d’atouts, qui vont bien au-delà des richesses de son sous-sol, et qui expliquent que l’économie calédonienne résiste à la crise et continue de croître, même si tout le monde n’en bénéficie pas assez parce qu’il y a aussi des inégalités sociales, il y a des inégalités territoriales même si elles ont tendance à reculer, il y a encore beaucoup de batailles à mener, avait lancé le Premier ministre Jean-Marc Ayrault, devant les acteurs économiques à Nouméa, fin juillet 2013.

Yann Mainguet

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