François
GARDE est née en 1959, énarque de la promotion Louise Michel (1984). Il fut Secrétaire
général adjoint de la Nouvelle-Calédonie de 1991 à 1993, à l’époque où l’État
jouait encore le rôle d’exécutif pour le Territoire. Il a publié ce roman chez Gallimard
en 2012 et a obtenu le prix Goncourt du premier roman. (voir CV en fin de
post).
L’auteur, haut fonctionnaire,
a servi outremer,
Mais chez nous il passa presque comme l’éclair.
Représentant l’état, pendant moins de trois ans,
C’est là qu’il a trouvé matière à ce roman.
Énarque et conseiller auprès des socialistes,
Il semble assez distant de ces protagonistes.
Il administre même pour un temps les manchots,
Avant que de reprendre la voie des tribunaux.
Puis Il revint chez nous durant toute une année,
Mais le gouvernement n’a pas dû l’agréer.
Il s’en retourna donc à la magistrature,
Qui laisse plus de temps pour faire des écritures.
Le livre
Ma foi, le résultat, en terme littéraire,
Est une réussite que les Prix saluèrent.
Le roman se découpe en tranches successives,
Alternant le récit et le style missive.
Sa lecture en est fluide et le style châtié,
La trame de l’histoire en fait aussi l’attrait.
Le résumé
Ainsi Narcisse Pelletier, marin abandonné,
Alors encore très jeune, sur une plage isolée,
En perdit son français et son identité,
Car les aborigènes l’avaient plus qu’intégré.
Il nous raconte ainsi sa perte de culture,
Au profit d’un savoir emprunt par la nature.
Octave de Vallombrun, par un étrange hasard,
Du le récupérer, dix-sept années plus tard.
Il en fit un sujet d’étude sociologique,
Voyant dans ce « sauvage », un exemplaire unique.
Malgré tous ses efforts et toute sa compassion,
Il n’obtint pas vraiment sa réintégration.
Mon avis
Le roman est plaisant, mais les questions agacent,
Il triture de nouveau l’altérité des races.
La vie des primitifs était-elle si enviable,
Qu’on assimile toujours le blanc avec le diable,
Sauf quand il est capable d’effacer sa mémoire,
Et d’adapter sa vie à celle d’un peuple noir ?
Moi j’avais espéré, que par son expérience,
L’auteur nous fasse part, en son âme et conscience,
D’une approche culturelle un peu plus pragmatique,
Que cette robinsonnade, un peu trop famélique.
Mais peut-être devrais-je réfléchir un peu moins,
Laisser mes états d’âme s’évaporer au loin.
Alors je vous dirais que ce livre est plaisant,
Que je l’ai lu d’un trait, que c’est un bon roman.
L’auteur :
François GARDE
- Né en 1959 au Cannet
- Énarque, promotion Louise Michel, 1984.
- Secrétaire général adjoint de la Nouvelle-Calédonie de 1991 à 1993, à l’époque où l’État jouait encore le rôle d’exécutif pour le Territoire.
- Commissaire du Gouvernement au Tribunal administratif de Besançon du 1er novembre 1994 au 1er mars 1998.
- Conseiller technique chargé des affaires juridiques au cabinet du Secrétaire d'État à l'outre-mer (Jean-Jack Queyranne) de 1998 à 1999.
- Administrateur supérieur des Terres australes et antarctiques françaises (TAAF), de mai 2000 à décembre 2004.
- Commissaire du Gouvernement au Tribunal administratif de Grenoble en 2005.
- Président du corps des tribunaux administratifs et des cours administratives d'appel, dans les fonctions de vice-président du tribunal administratif de Besançon, à compter du 31 décembre 2007.
- Secrétaire général du gouvernement de la Nouvelle Calédonie, d’aout 2009 à aout 2010.
- Vice-président au tribunal administratif de Dijon.
- Vice-président au tribunal administratif de Grenoble à compter du 1er septembre 2012.
Publications :
*
Institutions de la Nouvelle-Calédonie (L’Harmattan,
2000)
* Paul-Emile Victor et la France de l’Antarctique (Audibert,
2006),
* Ce qu’il advint du sauvage blanc, chez
(Gallimard 2012).Goncourt du premier roman et prix Jean Giono.
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Article des
Nouvelles Calédoniennes du 31/08/2012
Un homme, deux
cultures
Ancien
secrétaire général du gouvernement, François Garde est aussi écrivain. Il vient
d’être récompensé du Goncourt du premier roman pour Ce qu’il advint du sauvage
blanc. Rencontre.
Les
Nouvelles calédoniennes : Qui est le « sauvage blanc » de votre livre ?
François Garde : Un personnage de
fiction inspiré de Narcisse Pelletier, un matelot du Second Empire qui a
réellement existé. A l’âge de 14 ans, il a été abandonné par son équipage sur
un rivage d’Australie, et recueilli par les Aborigènes. On l’a retrouvé et
ramené à la « civilisation », dix-sept ans plus tard. L’histoire de cet homme
contraint à deux reprises de changer radicalement de culture et d’identité, à
sa grande angoisse à chaque fois, m’a fasciné.
Quelle a été la
genèse du roman ?
J’ai
entendu parler de l’aventure de Pelletier il y a dix ou quinze ans, en
Calédonie. Je crois d’ailleurs que c’était dans un article des Nouvelles
Calédoniennes. Je n’y ai plus pensé pendant longtemps, et puis l’histoire m’est
soudain revenue en tête un jour, chez moi, à Grenoble. Sans doute sous l’effet
de la nostalgie des ciels du Pacifique. Je me suis mis au travail et le livre
s’est écrit facilement.
Le roman a une
structure originale…
Il
raconte en chapitres alternés deux moments clés de la vie de Pelletier : quand
il est recueilli et adopté par les Aborigènes et quand il retourne en France,
dix-sept ans plus tard. Ce qui se passe entre les deux, le temps où il vit dans
la tribu, est laissé dans l’ombre. Quelqu’un m’a fait remarquer avec justesse
que le livre est, en ce sens, construit autour d’un tabou.
Vous
êtes-vous servi de votre expérience en Calédonie pour nourrir le livre ?
Il
est certain que je ne l’aurais jamais écrit si je n’avais pas rencontré la
culture kanak, avec ses fondamentaux tellement différents, voire opposés, à la
culture française. Le propos du livre est d’ailleurs de faire réfléchir sur les
différences entre cultures, notamment à travers le personnage du vicomte qui
prend Pelletier sous son aile. Ce brave représentant du positivisme de l’époque
est bourré de préjugés sociaux et raciaux, mais il va peu à peu s’ouvrir
l’esprit au contact du marin. Ceci dit, la tribu du livre, et ses rites, ne
sont pas plus kanak qu’aborigènes, c’est une invention tirée de mes voyages
dans le Pacifique et aussi de la lecture des grands anthropologues classiques :
Mead, Leenhardt et Malinovski.
Quel est votre
avis sur les relations entre culture occidentale et culture traditionnelle
aujourd’hui en Calédonie ?
Elles
ne sont pas toujours très simples mais voilà, c’est l’histoire et la réalité de
ce pays ! Ici, la cohabitation entre des cultures très différentes est une
donnée de la vie de tous les jours.
Le livre prend-il
parti en faveur d’une culture plutôt qu’une autre ?
Je
ne crois pas, en tout cas j’ai voulu éviter de donner dans la vision
rousseauiste du « bon sauvage ». A certains moments, mon héros est victime et
témoin de violences de la part des Aborigènes.
Y a-t-il une
histoire personnelle en filigrane de ce roman ?
Pas
du tout. L’autofiction n’est pas ma tasse de thé. Je pars du principe que le
lecteur se fiche de connaître ma vie ou mon ressenti sur ceci ou cela. Mon but
est de l’embarquer dans une expérience de lecture aussi passionnante que
possible.
Ce
qu’il advint du sauvage blanc, de François Garde. 326 p. Editions Gallimard.
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