Tiga
n’est qu’un ilot dans l’immense océan,
Une
goutte de terre où vivent quelques gens :
Quarante-deux
adultes et vingt-huit enfants, 1
Qui
se disent tranquilles, et pas des fainéants.
La
pêche et la culture donnent quelques aliments,
Manque
juste de l’eau pure, qui est fonction du temps.
Mais
la technique est là, super sophistiquée,
Qui
fait que l’eau de mer peut être purifiée.
Elle
est pompée, filtrée, stockée, distribuée …
Et
tous les habitants vont boire à satiété.
Venant
de l’océan, l’eau est inépuisable,
Elle
permet des projets qui semblaient incroyables.
C’est
d’abord le confort qui va s’amplifier
Équipements
sanitaires et machines à laver.
Et
déjà la commune y construit des logements,
D’abord
pour remplacer quelques vieux bâtiments,
Mais
aussi pour capter de nouveaux arrivants,
Et
faire de cet îlot une zone de peuplement …
Le goût
de l’eau …
Désalinissateur
et groupe électrogène,
Sont
des équipements devenues indigènes.
L’eau
traitée est potable, en plus, elle a bon goût,
Stérile
douce et claire, elle a aussi un coût.
Car
cette l’installation à coûter de l’argent,
Nous
n’en parlerons pas, ce serait indécent.
La
mairie doit encore gérer tout le système,
Payer
un technicien, qui au moins l’entretienne.
L’absence
de réseau est encore une gêne,
Et
la distribution est encore à la peine.
Déjà
sur Ouvéa, le maire a le problème,
Il
sait parfaitement ce que cela entraine.
Mais
l’important, ma foi, et que chaque maison,
Que
chaque individu, puisse avoir sa ration.
Que
cette eau purifiée aux normes européennes,
Puisse
être consommée et permettre l’hygiène.
Aujourd’hui
à Tiga, on boit de l’eau de « mer » :
Qui
a le goût de science et de manne financière ! 2
Le droit
à l’eau …
L’accès
à l’eau potable s’affiche comme un droit.
Mais
bien avant les blancs, ce droit n’existait pas.
Ou
plutôt c’est le chef qui par nécessité,
Décidait
de celui qui en bénéficiait.
Et
maintenant que l’eau arrive à profusion,
Beaucoup
refuse encore toute participation. 3
Certes
des ethnologues et bien d’autres experts,
Nous
expliquent, sans peine, que le lien à la terre,
Dans
le monde kanak, inclus le lien à l’eau,
Qu’elle
imprègne leur être, leurs aïeux et leurs os.
Et
il n’en faut pas plus, en termes de culture
Pour
justifier, sans rire, qu’ils ignorent les factures. 4
Ils
semblent qu’on ait mis les tuyaux un peu tôt,
Qu’on
ait ouvert les vannes pour sécuriser l’eau,
Avant
de faire comprendre le coût de ces ouvrages,
Le
prix que peut coûter l’entretien d’un forage.
On
a d’abord donné sans vrai contrepartie,
Aujourd’hui,
dans les têtes, tout doit être gratuit.
La
solidarité dérive …
Tiga
illustre bien nos erreurs solidaires.
Peuplée
de retraités et autres allocataires,
Qui
supporte sans peine un peu d’isolement
Grace
à divers subsides qui sont très suffisants.
La
mairie et l’état payent des
équipements,
Qui
risquent de coûter beaucoup, pendant longtemps.
Par
solidarité, dans des lieux improbables,
On
met des équipements qui semblent formidables.
De
l’eau à volonté, de l’énergie solaire,
Des
logements sociaux, parfois même des salaires …
Comme
l’eau autrefois, l’argent tombe du ciel,
Le
développement, lui, reste artificiel.
Comme
dit un ancien, Tiga « couette sociale »,
Parfaitement
isolée en zone tropicale.
Personne
n’ira voir les excès budgétaires,
Qui
sont le privilège de quelques insulaires.
La
solidarité dérive vers ces ilots,
Oubliant
ceux qui rament pour leur facture d’eau !
1 Les Nouvelles Calédoniennes du
18/12/201 : « À quelques encablures de Maré, Tiga dépend de la
commune de Lifou, un peu plus éloignée. Sept kilomètres de long sur deux et
demi de large. Soixante-dix personnes, dont vingt-huit enfants vivent ici à
l’année. Quelques animaux domestiques, des roussettes, des tortues de mer
protégées et des chèvres sauvages dont le nombre croissant commence à poser de
sérieux problèmes de survie à la flore de l’île, complètent l’inventaire du
vivant. »
Pour
lire l’article : http://www.lnc.nc/article/lifou/eau-potable-a-volonte
2 Le
coût de l’installation serait de 30 millions Cfp. Pour la distribution, un
camion-citerne et une moto pompe sera bientôt livrée (source : NC1ière)
3 Nouvelle
Calédonie 2025 : « A l’heure actuelle, de nombreuses communes ne
parviennent pas à faire payer à leurs administrés l’eau qu’ils utilisent … C’est
un cercle vicieux. »
Pour
en savoir plus : http://www.nouvellecaledonie2025.gouv.nc/
4 Perceptions
de la ressource en eau et comportements culturels associés aux îles Loyauté.
« La
symbolique spirituelle est directement fonction des liens de tradition et de
culture. Ainsi, puisque l’eau vient de la terre dont le kanak tire son identité,
elle est significative de l’ancrage fort de la population dans une vision de la
ressource eau en tant qu’élément générateur de vie, en tant que partie de la terre
et donc partie de soi.
Comment
accepter de payer quelque chose qui fait partie de soi, de sa terre, de ses
ancêtres ? »
Pour
en savoir plus : Perceptions de laressource en eau et comportements ...(cliquer)
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