jeudi 23 août 2012

À chacun son expert … pour ne rien faire !


Inspiration : Article des Nouvelles Calédoniennes du 22/08/2012
Interview. Étienne Wasmer, professeur d’économie à Sciences Po
mandaté par Wamitan : « Il faut plus de concurrence ».
(À lire en fin de post)

Wamitan s’y est mis, il a pris un expert, 1
Pour passer ses idées, tout en restant derrière.
Comme tous les politiques, il sait ce qu’il faut faire,
Mais les mesures à prendre ne sont pas populaires.
Que ce soit Lieb2, Sudrie3, ou les autres oracles,
Aucun d’eux n’a trouvé de solution miracle.

1 - Étienne Wasmer, professeur  d’économie à Sciences Po Paris.
2  - Jean-Pierre Lieb, inspecteur général des finances à Bercy, missionné par le gouvernement pour travailler sur la réforme de la fiscalité en 2011.
3 - Olivier SUDRIE : économiste, maitre de conférences, chargé de conseil en économie auprès du gouvernement de Nouvelle Calédonie.

Encore un diagnostic pour dire les mêmes choses,
De façon différente, car chacun a sa prose.
Épargné par la crise, tenu par le nickel,
On n’est pas à l’abri de se prendre une pelle.
Le syndrome hollandais et la fiscalité ?
À croire qu’on l’a payé pour du copier-coller !

Notre fiscalité est bien trop compliquée.
Elle protège surtout quelques belles amitiés
D’une industrie locale sans productivité,
Et qui, sans concurrence, ne peut s’améliorer.
À quoi bon exporter, quand sur le territoire,
On fait les prix qu’on veut sans avoir de déboire !

Parler de concurrence, pas de fiscalité,
C’est nier l’évidence, que les deux sont liés.
Mettre la transparence sur les marges et les prix,
C’est d’abord clarifier les taux de TGI,
De la flopée de taxes très mal réparties,
Pesant sur le commerce, et pas sur l’industrie.

Quant à l’indexation, héritage colonial,
Elle sert maintenant le fonctionnaire local.
Alors, pudiquement, pour cet homme qualifié,
Publics et privés, vont devoir converger.
Mais cette sémantique est plutôt erronée,
Car pour être efficace, il faut dévaluer.

En bref, l’économie a besoin de réformes,
La TGA étaient une première mise en forme.
Mais Gomes protège les gens de l’industrie,
Wamitan est coincé par quelques partis pris,
Le RUMP, à juste titre, priorise un partage,
Pour contrer les excès du rééquilibrage.

Autrefois le sorcier lisait dans les viscères,
Et les chefs faisaient ce qu’il disait de faire.
Maintenant les élus s’appuient sur des experts,
Mais ce n’est qu’un prétexte surtout pour ne rien faire !
 
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Article des Nouvelles Calédoniennes du 22/08/2012
Interview. Étienne Wasmer, prof d’économie à Sciences Po Paris : « Il faut plus de concurrence »

Missionné par Roch Wamytan pour déterminer les facteurs de la vie chère, le professeur Etienne Wasmer a achevé son rapport. Il en rendra compte ce soir à 18 heures au Congrès au cours d’une conférence-débat. Etienne Wasmer animera une conférence-débat ouverte au public, ce soir, à 18 heures, au Congrès.


Les Nouvelles calédoniennes : Quelles sont les grandes lignes du rapport que vous présenterez ce soir pour expliquer les facteurs de la cherté de la vie ?
Etienne Wasmer : Notre rapport débute par un diagnostic, d’abord d’un point de vue macroéconomique. On ne dit pas forcément des choses nouvelles, mais on les redit à notre façon sur, notamment, le « dutch disease » ou syndrome hollandais. Le secteur nickel tire à la hausse un certain nombre de revenus et, en même temps, peut vider des secteurs. Les producteurs nous disent « on a du mal à trouver des compétences », c'est un des symptômes. On a aussi regardé la dynamique des prix, qu'est ce qui fait augmenter l'inflation, est-ce que les cours du nickel augmentent les prix, les importations, les exportations ? On trouve un certain nombre d'effets. On a aussi analysé les propositions de la commission spéciale, travaillé sur la réforme de la fiscalité directe, indirecte, le marché du logement, etc. Le rapport comprend une partie comparaison avec des expériences étrangères. On a regardé un peu la manière dont les fonds souverains se sont mis en place à l'étranger comme en Norvège, travaillé sur l'exemple de la vie chère en Guadeloupe. Enfin, nous abordons une partie préconisation et détails de mise en œuvre qu'on communiquera d'abord aux commissions aujourd'hui avant de les dévoiler au public, ce soir.

Quelles sont les difficultés de l'économie calédonienne que vous avez observées ? : La Calédonie jouit d'une assez grande prospérité par rapport aux autres pays de la zone Asie-Pacifique. La crise qui a affecté durement l'Europe est passée finalement à côté. Par contre, on ne peut pas exclure un scénario de retournement où les éléments qui contribuent à la croissance s'atténuent voire disparaissent complètement. Il faudrait que la Calédonie imagine une stratégie afin de compenser la petite taille de son marché en allant prendre des parts de marché vers l'extérieur. Cela passe par une vraie compétitivité de croissance qui, pour l'instant, n'a pas été jugée nécessaire, en particulier parce qu'il y a le nickel. Mais imaginons que les cours s'effondrent, qu'est-ce qu'il reste ? Des secteurs ni suffisamment tournés vers l'extérieur ni compétitifs.

Jean-Pierre Lieb (*) avait qualifié la fiscalité indirecte de trop complexe, avez-vous abouti aux mêmes conclusions ? : Oui, c'est très compliqué. Les opérateurs nous disent que pour eux c'est très simple, mais de l'extérieur c'est difficile à lire et à comprendre. Et en général, ce n'est pas très bon signe, car cela ne permet pas un débat démocratique sur l'intérêt d'avoir des protections ou des exonérations. Or, dans une démocratie, il faut pouvoir savoir qui bénéficie de quoi et qu'est ce qui fait les tarifs ? C'était ça au départ l'objet du rapport sur les facteurs de la vie chère. Soit les tarifs sont trop élevés pour des raisons objectives, et ce n'est pas très difficile de rendre les choses plus claires et transparentes, soit elles ne le sont pas pour des raisons de marge et de manque de concurrence. Et à ce moment-là, il y a vraiment quelque chose à creuser.

Pour quelle hypothèse penchez-vous ? : Plutôt pour la seconde. Sachant que nous sommes en attente du rapport de l'autorité de la concurrence, mieux armée pour traiter le sujet. On les a rencontrés, nous n'avons pas échangé de données. On essaiera de faire des propositions. Mais que ce soient l'administration, un expert ou un membre du parlement, on ne peut pas disposer de toute l'information autant que les acteurs privés. C'est pour cela que c'est difficile de réguler par les marges et les prix. Pour autant, on n'est pas complètement désarmés. Il y a toute une branche de l'économie qui essaie de révéler les informations de façon indirecte. Par exemple, on peut imaginer des mécanismes incitatifs qui permettraient une plus grande vérité des prix. Le mécanisme le plus simple, c'est la concurrence. Si on arrive à organiser la concurrence de manière plus poussée on peut penser aller vers une plus grande vérité des prix.
On vous a également demandé de vous pencher sur l'indexation, possible cause de la vie chère… :  Ce n'est qu'un élément du rapport et on le traite de manière pédagogique. Le problème de la vie chère est multifactoriel. L'indexation peut contribuer à rendre plus difficile la vie des entreprises privées car elles doivent attirer des employés à des salaires forcément plus élevés, et cela a un effet sur la compétitivité. Cela contribue à augmenter la part dans l'économie des ressources extérieures, ce qui entraîne un phénomène de surchauffe. Cela n'a aucun sens de baisser les salaires des fonctionnaires. Il faudrait essayer de faire converger les salaires du secteur privé et du public. On propose plusieurs scénarios. Selon les hypothèses d'inflation de croissance, la moitié de l'écart peut être rattrapée entre cinq et treize ans.
(*) : Inspecteur général des finances, missionné par le gouvernement pour travailler sur la réforme de la fiscalité en 2011.
Propos recueillis par Catherine Léhé
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