vendredi 17 août 2012

« L’indignité » : ça vaut combien ?


Inspiration : l’indemnisation des prisonniers en France
Voir trois articles en fin de post.

L’état s’est bien planté en faisant ses prisons.
Il aurait dû y mettre un peu plus de millions,
Pour donner aux voleurs, escrocs, ou assassins,
Un logement plus digne car ce sont des humains.

Évitons d’évoquer le fait qu’ils soient nourris,
Que même un peu serrés, ils ont chacun un lit.
Promenades et télé, sports et  bibliothèques,
Soins gratuits, formations, ça ne vaut pas tripette !

Car la promiscuité des petites cellules,
L’hygiène aléatoire et quelque autre bidule,
Rendent la vie indigne, aux pauvres condamnés,
Au point que la justice doive les indemniser !

« L’indignité », ma foi, peut devenir métier.
Il suffit pour cela de se faire enfermer.
Loger, nourris, blanchis, sans débourser un franc,
Avec la LDH*, on gagne de l’argent.
* Ligue des Droit de l’Homme

Mais pour les SDF qui vivent dans la rue,
Les familles nombreuses aux logements exigus,
Aucune décrépitude ne sera reconnue,
Leur dignité, à eux, est de rester déchus.

« L’indignité » ne vaut que pour des prévenus,
Condamnés, pour un temps, à être détenus.
Le prix en est fixé par des juges au service
D’un code pénal français qu’un avocat dévisse.

Juridiquement correct, de  telles décisions
Interpellent les gens et choquent l’opinion.
L’humanisme dérape dans la sensiblerie,
Et seules les crapules en tirent vraiment profit.

Que l’état améliore quelque peu les prisons,
S’il en a les moyens, aucune opposition.
Mais que les élus votent, pour ceux qui ont fauté,
Des lois fixant des peines dignes de leurs forfaits.

Voir aussi mon post :

-----------------------------------------------------------------------


Articles des Nouvelles Calédoniennes du 01/08/2012

Justice. 30 détenus avaient saisi la justice sur l’indignité de leurs conditions de détention
Camp-Est : l’Etat va payer

Le tribunal administratif vient de condamner l’Etat à verser un peu plus de 6 millions à trente détenus, incarcérés à la maison d’arrêt. Ils avaient mis en évidence l’indignité de leurs conditions de détention. Pour leur avocat, c’est une « condamnation de principe ».
Cela fait des années que les conditions de détention du Camp-Est sont pointées du doigt. La justice administrative vient de condamner l’Etat pour cela.

C’est le genre de chose qui devait arriver. Depuis des années, les conditions de détention au Camp-Est sont assimilées à celles d’un « bagne post-colonial » (*). Et depuis tant d’années, la rénovation de la prison de Nouméa se fait attendre. Pour des raisons qui relèvent d’un imbroglio entre la mairie de la capitale et l’Etat, comme l’a souligné Jean-Marie Delarue, le contrôleur général des lieux de privation de liberté, dans un récent rapport (notre édition du 8 décembre 2011).
Les avocats, eux, n’ont pas attendu la rénovation complète de l’établissement ou sa complète reconstruction pour dénoncer cet état de fait. En mars dernier (notre édition du 31 mars), ils ont déposé une requête devant le tribunal administratif, pour obtenir l’indemnisation de trente prisonniers incarcérés à la maison d’arrêt.

Décence : Pourquoi ? Parce qu’ils vivent dans la promiscuité, entassés à « quatre ou cinq dans des cellules de 10 à 13 m2 » ou bien encore que l’hygiène qui leur est imposée est aléatoire. Bref, que leurs conditions de détention ne respectent pas un principe du code pénal prévoyant que « le service public pénitentiaire assure le respect de la dignité inhérente à la personne humaine ». Ils viennent d’obtenir gain de cause.
Au total, l’Etat est condamné à verser une « provision » de 6 332 600 francs. Soit en moyenne 12 000 francs par mois de détention.
« C’est une décision de principe, pour dire que la prison doit être uniquement une privation de liberté, pas une privation de dignité », explique Me Cécile Moresco, à l’origine de la procédure, qui assure avoir sous le coude près d’une soixantaine d’autres recours de ce type. Pour braquer le projecteur sur l’établissement et « une amélioration des conditions de vie qui se fait désespérément attendre ».
Car au-delà de l’aspect financier de cette victoire judiciaire, la décision devrait encourager l’Etat et les politiques locaux à hâter la rénovation du Camp-Est.

Solution : C’est en tout cas la position du représentant local de l’Etat, qui explique « prendre acte d’une décision qui était attendue, surtout après le rapport du contrôleur général des lieux de privation de liberté, explique ainsi Edgar Pérez, directeur de cabinet du haussariat. La pire solution serait d’attendre. C’est pour cela que nous menons toujours de front la rénovation actuelle du Camp-Est et que nous examinons toujours les différentes hypothèses pour enfin parvenir à une solution pérenne. » C’est-à-dire la reconstruction complète de l’établissement sur site ou la construction d’une nouvelle prison, à Nakutakoin (Dumbéa), comme cela est envisagé.
Ces derniers jours, 194 personnes étaient incarcérées au quartier de la maison d’arrêt, qui compte 94 places théoriques.

(*) Les propos sont d’un avocat général de la cour de cassation, un magistrat chargé de défendre les intérêts de la société devant la plus haute juridiction française.

Le chiffre : 6,3 en millions, c’est la somme totale que l’Etat va devoir verser à trente détenus. Soit en moyenne 12 000 francs par mois de détention. Une somme qui correspond à la jurisprudence dans des affaires précédentes, en Métropole ou à Cayenne (Guyane) par exemple.

Bientôt 80 places en plus : Au cours de ces dernières années, jamais l’Etat n’a autant injecté d’argent pour rénover le Camp-Est. Depuis 2001, l’administration pénitentiaire a ainsi engagé 11,5 millions d’euros de travaux. Soit près d’1,4 milliard de francs.
L’attribution du marché du futur centre pour peines aménagées (CPA) de 80 places est sur le point de s’achever. Ce bâtiment modulaire (donc démontable) devrait permettre aux détenus de respirer un peu. « Et sur ce dossier, nous avançons à marche forcée », assure Edgar Pérez. Le défi ? Un délai de réalisation d’un an. L’urgence commande.
En attendant, une nouvelle mission d’experts devrait se rendre à Nouméa, à la demande des deux députés calédoniens. Pour savoir une bonne fois pour toutes s’il est plus judicieux de reconstruire ailleurs ou s’il faut rénover entièrement sur place. Ce ne sera que la énième mission sur un dossier qui prend décidément des airs de serpent de mer.
Pierrick Chatel

-----------------------------------------------------------------------

France : L'Etat condamné à indemniser 77 détenus (Rouen)

L’Etat a été condamné à indemniser 77 détenus pour mauvaises conditions d’incarcération à la maison d'arrêt de Rouen.
Le tribunal administratif de Rouen a condamné jeudi 26 juillet, l'Etat pour mauvaises conditions d’incarcération "n’assurant pas le respect de la dignité inhérente à la personne humaine". Au total 99 détenus de la maison d’arrêt de Bonne-Nouvelle à Rouen, avaient porté plainte contre l’Etat pour leurs mauvaises conditions de détention. Sur les 99 détenus seuls 77 vont être indemnisés, deux dossiers ayant été rejetés, car la description de leur quotidien n’avait pas été suffisamment détaillée et 20 autres pour un problème de procédure, les détenus n'ayant pas versé les 35 euros nécessaire pour entamer la procédure.
Les détenus ayant obtenu une indemnisation pourraient recevoir des dommages et intérêts allant de 500 à 4000 euros. «Tous ces jugements datés du jeudi 26 juillet, et il y en a un par personne, je ne les récupérerai que demain, vendredi 27 juillet, au tribunal. Je ne connaîtrai le montant exact des indemnités qu’à ce moment-là» a déclaré Me Etienne Noël, l’avocat des détenus au site paris-normandie.
Depuis 2008 l'Etat a été condamné à de multiples reprises pour les mêmes motifs : « Là, vraiment, la décision des magistrats faits extrêmement plaisir car la jurisprudence se conforte» a expliqué Me Etienne Noël. Ouverte en 1864 la maison d’arrêt de Rouen, compte 290 cellules et accueille de 700 à 850 détenus, en détention provisoire ou condamnés à de courtes peines. Le ministère de la Justice a prévu la fermeture de l’établissement et recherche depuis déjà plusieurs mois, un terrain pour y construire une nouvelle maison d’arrêt.

-----------------------------------------------------------------------

Ouest-France / Basse-Normandie / jeudi 26/07/2012
Caen. Maison d’arrêt insalubre : deux détenus indemnisés

Description : http://memorix.sdv.fr/0/default/empty.gif
Deux anciens détenus de la maison d’arrêt (courtes peines) de Caen se sont vus attribuer des indemnités par le tribunal administratif de Caen qu’ils avaient saisi avec le soutien de l’Association pour la défense des droits et de la dignité des détenus et de leur famille (A4DF). Incarcéré du 18 août 2009 au 3 mai 2011, un prisonnier recevra de l’Etat 600 €: durant 220 jours, il a été placé avec des codétenus dans des cellules insalubres et vétustes. Un autre prisonnier recevra 400 €: durant quatre mois, sa cellule s’est caractérisée par une faible luminosité, un taux d’humidité élevé et un mauvais état général.

-----------------------------------------------------------------------

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire