Victorin
Lurel, ministre socialiste des Outres mers n’hésite pas :
« L’Accord,
rien que l’Accord et tout l’Accord ».
La
formule est facile,
Mais
aussi très fragile,
Car
on sait que l’Accord
Est
boite de pandore.
La rengaine est connue et dans toutes les bouches,
Vous prononcez son nom, tout le monde se couche.
Tous les calédoniens doivent le respecter,
Pour eux c’est un danger d’oser le commenter.
L’accord de Nouméa est devenu sacré,
Et seuls quelques prêtres peuvent l’interpréter.
Ils forment un comité, restreint aux « signataires »,
Piloté par l’État, qui voudrait s’en défaire.
Même notre ministre surveille ses propos,
Après avoir osé prononcer un gros mot,
Il rentre dans le cadre et nous parle d’écoute,
Il cherche le moyen d’éviter la déroute.
Affichant, sans vergogne, une fausse neutralité,
Qu’il qualifie d’ « active », pour mieux nous
enfumer,
Il en accuse d’autres de nous vouloir français,
Mais dissimule bien le fond de sa pensée.
Il nous parle drapeau, il nous parle symbole,
Et du destin commun fait une parabole.
Mais les questions de fond, pour les calédoniens,
Qui sont dans les transferts, sont sujets clandestins.
Ainsi le droit civil et le droit commercial,
Doivent être transférés, mais sont toujours bancals.
On recense des textes, on en étend certains,
Mais qu’en est-il vraiment pour notre quotidien ?
L’accord de Nouméa, à travers les transferts,
A rendu aux Kanaks leur poids identitaire.
Le rééquilibrage, trop inégalitaire,
Leur donne des moyens toujours excédentaires.
L’Accord de Nouméa tord la démocratie,
Pour mieux favoriser les choix d’une seule ethnie,
D’ailleurs, il laisse un vide, en guise de conclusion.
Si pour l’indépendance notre réponse est non !
L’Accord de Nouméa a rempli sa fonction,
En ramenant la paix, pas en traitant le fond.
Or le temps imparti est bientôt écoulé,
Et il ne prévoit rien si on reste français.
Les socialistes avaient la plume et l’encrier,
Faute d’indépendance, ils ont tout accordé,
À l’exception, bien sûr, de la souveraineté.
Ainsi Monsieur Lurel, l’Accord est incomplet.
Il vous faudra faire plus que juste l’appliquer,
Trouvez une solution, cette foi sans oublier,
Que les calédoniens sont d’abord des Français,
Et que beaucoup d’entr’eux souhaitent
le rester.
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Interview de Victorin Lurel dans les Nouvelles
Calédoniennes du 22/11/2012
« L’accord, rien que l’accord, et tout l’accord »
Plus d’un an après la visite de Marie-Luce Penchard, son successeur
Victorin Lurel débarque en visite officielle jeudi soir. L’occasion pour le
ministre des Outre-mers de préparer le prochain Comité des signataires,
programmé le 6 décembre.
Depuis son arrivée rue Oudinot, en mai dernier, le ministre des Outre-mers,
Victorin Lurel, a multiplié les entrevues avec les différentes forces
politiques calédoniennes.
Les
Nouvelles calédoniennes : Quelle est la méthode Lurel pour la
Nouvelle-Calédonie ?
Victorin Lurel : Elle est simple, c’est l’accord, rien que l’accord et tout
l’accord. Sa constitutionnalisation oblige l’Etat à rester à équidistance.
Quelle que soit la majorité politique, nous devons faire vivre ce processus de
décolonisation que prévoit l’accord de Nouméa. Quelquefois, des autorités
oublient leur neutralité. On a vu par le passé certains hauts responsables
nationaux dire qu’ils préféraient voir la Nouvelle-Calédonie rester dans la
République française. Chacun a ses alliances et ses postures, mais nous sommes
obligés de rester à équidistance.
L’Etat doit avoir une neutralité active, accompagner, être force de
proposition, favoriser l’accord des parties, trouver des consensus car le
drapeau ou le nom commun sont des sujets passionnés. Il faut les aborder avec
modestie, sagesse et humilité. Les solutions seront trouvées par les
Calédoniens eux-mêmes. L’une des réussites de l’accord de Nouméa est de se
situer dans un temps qui transcende les échéances électorales, qu’elles soient
nationales ou calédoniennes.
Il y a
des divisions à droite et des divisions chez les indépendantistes, pensez-vous
arriver à un moment particulièrement délicat ?
C’est un peu normal. Nous sommes encore un peu dans le cycle électoral.
L’élection, qu’on le veuille ou non, est une occasion d’opposition. Il est
normal qu’il y ait des crispations, qui perdurent parfois après les résultats.
C’est vrai que la division existe de part et d’autre. Il faut donc encore plus
de sagesse. Mais l’accord nous oblige tous, car nous en sommes ensemble les
partenaires. Le processus fonctionne et il faut tout faire pour que les
divisions ne le freinent pas.
Vous
dites que l’Etat doit être à équidistance, arbitre, n’avez-vous pas le
sentiment qu’il doit être également un peu pompier ?
S’il le faut, et c’est aussi son rôle, l’Etat doit tenir le rôle de
l’arbitre. Il doit être locomotive, manier l’accélérateur et le frein dans le
respect de la liberté et de l’indépendance de toutes les parties. Il ne faut
pas vouloir à tout prix brusquer les choses, ni les gens. Nous venons de vivre
une séquence électorale très dense : les législatives, le renouvellement de la
présidence du Congrès. Cette séquence ne doit pas mettre en péril les échéances
qui nous attendent, au premier rang desquelles le Comité des signataires. A ce
titre, décider de son ordre du jour n’est pas un acte anodin, d’autant plus
qu’il faut avoir à l’esprit, en même temps, la préparation du comité de 2013,
le dernier avant les élections provinciales de 2014. Ces deux comités doivent
être mûrement réfléchis et très soigneusement préparés.
Quand
vous avez parlé de « Nouvelle-Calédonie-Kanaky », c’était pour appuyer sur
l’accélérateur ou simplement parce que vous étiez heureux de rencontrer Paul
Néaoutyine ?
Non, je n’étais pas dans l’effusion. Ce n’est pas le rôle d’un ministre. Je
voulais dire, très objectivement, que l’accord prévoit qu’il faudra trouver un
nom et un drapeau commun. Il faudra bien, tôt ou tard, réfléchir et arrêter les
décisions symboliques du destin partagé. Certains ont pu se demander s’il était
bien opportun, quelques mois après des élections, et quelques longs mois avant
un nouveau cycle électoral, d’évoquer cela. Je n’ignore pas le caractère
délicat de la question. Mais ce n’était pas une manière de forcer les
partenaires. Je n’ai aucun doute : certaines questions auront du mal à être
tranchées avant l’élection de 2014. D’ailleurs, il peut même être sage de ne
pas évoquer les questions les plus sensibles car elles seront nécessairement
traitées entre 2014 et 2018.
Les
questions du drapeau et du nom de la Calédonie vont-elles donc être mises de
côté ?
A ma connaissance aucun des partenaires ne demande à inscrire le point du
nom commun à l’ordre du jour du Comité des signataires.
En
revanche, Philippe Gomès tient absolument à remettre le drapeau commun à
l’ordre du jour. Il dit que le comité n’est pas là pour traiter uniquement des
questions qui font consensus…
Il s’agit là d’un sujet très délicat. Les parties autour de la table ont
chacune leurs priorités. Ces priorités peuvent expliquer la recherche,
légitime, de rapports de force. Je sais que certains sujets doivent être
abordés avec prudence et équilibre, car il convient de ne pas prêter le flanc à
des procès d’intention. Ainsi, certains n’ont pas manqué de soutenir qu’en
évoquant « Nouvelle-Calédonie-Kanaky », j’adoptais une posture partisane, alors
que tel n’était pas mon propos. C’est pour cette raison que l’agenda du Comité
des signataires doit se faire dans la recherche du consensus et c’est tout le
sens de ma venue en Nouvelle-Calédonie.
Si un
seul participant au Comité souhaite inscrire le drapeau à l’ordre du jour, il y
a peu de chances pour qu’il obtienne donc satisfaction…
J’ai cru comprendre que pour porter ce thème il était même envisagé de
faire délibérer le Congrès. Si une telle demande émergeait, nous en tirerions
les conséquences, mais en tout état de cause, jamais l’Etat n’arrêtera seul
l’ordre du jour. En tant que ministre des Outre-mers, je rechercherai toujours
le consensus.
Le 6
décembre est bien la date définitive du Comité ?
Oui. Il a fallu accorder les agendas de tous les participants, notamment
celui du Premier ministre, mais aussi celui du président de la République.
Le
président de la République François Hollande recevra-t-il les signataires ?
Il recevra les signataires pour montrer l’importance qu’il attache au
processus. Il a réservé son agenda. Le Premier ministre aussi. Le président
Harold Martin m’a fait part des difficultés que posait la date du 6 décembre
pour le calendrier d’adoption du budget 2013 de la Nouvelle-Calédonie, et d’autres
ont exprimé la crainte que les esprits ne soient pas encore assez apaisés. Il a
fallu arbitrer, et cette date était celle qui emportait le plus grand
consensus.
Au plus
haut sommet de l’Etat, y a-t-il toujours une crainte d’un embrasement du pays ?
Lors des dernières législatives certains disaient être revenus vingt ans en
arrière…
Le processus politique est, en soi, délicat. Il faut le porter d’une main
tremblante. Mais il faut aussi prendre garde à la cohésion de la société
calédonienne. La jeunesse, parfois en déshérence ou en marge, n’a pas toujours
la même modération que les aînés. Les aînés ont, eux, connu les Evénements et
ils savent mieux que quiconque tout le chemin parcouru, et la nécessité de le
poursuivre.
La
province Sud estime ne plus pouvoir faire face à l’arrivée des populations du
Nord et des Iles et demande une modification de la clé de répartition. Qu’en
pensez-vous ?
Cette question est indissociable du processus de rééquilibrage. Je
comprends les préoccupations de la province Sud qui a vu ses charges augmenter
depuis l’accord sur cette clef de répartition. A partir du bilan de l’accord de
Nouméa qui a été fait en début d’année, il appartient aux partenaires
calédoniens d’examiner les conditions d’une poursuite du rééquilibrage tout en
veillant à préserver les intérêts des habitants de plus en plus nombreux de la
province Sud. Ce travail doit d’abord être fait en Nouvelle-Calédonie avant
d’être inscrit à l’ordre du jour d’un Comité des signataires.
Les
indépendantistes sont inquiets de l’avenir des transferts de compétence,
notamment ceux de l’article 27 de la loi organique, que d’autres interprètent
comme facultatifs. Y attachez-vous de l’importance ?
Oui. La rédaction de la loi organique est certes impérative pour les
transferts de l'article 21 III, et plus souple pour ceux de l’article 27, dès
lors qu’elle présuppose une demande de la part du Congrès. Il n’en reste pas
moins que ces transferts, qu’on les considère facultatifs ou obligatoires, ne
peuvent être disjoints de l’ensemble du processus. L’Etat fera le nécessaire
pour que, en temps voulu, ses partenaires calédoniens s’engagent dans ces
transferts de compétences sans crainte ni incertitude. Nous ferons tout pour
qu’ils soient menés à bien et dans les meilleures conditions quand le Congrès
l’aura décidé.
Les
comités de pilotage ont été malmenés en 2012. Paul Néaoutyine a dit que si le
rapport d’Anne Duthilleul sur la stratégie industrielle ne reconnaissait pas sa
méthode il ne l’approuverait pas. L’Union calédonienne a boycotté celui sur
l’avenir institutionnel, le Rassemblement a dit qu’après les législatives ils
n’avaient plus de raison d’être… Etes-vous plus optimistes pour l’avenir ?
En tout cas, la stratégie industrielle pour la Nouvelle-Calédonie est un
vrai sujet. Des stratégies, voire des intérêts divergents peuvent apparaître.
C’est compréhensible et ce n’est pas illégitime, mais il faudra bien trouver
une position commune qui préserve l’intérêt de la Calédonie. Je suis convaincu
que tous trouveront une sortie par le haut. Dans ce domaine comme dans
d’autres, il faudra faire preuve de conviction et de sagesse. L’histoire ne
s’écrit qu’avec des gens de cette trempe-là.
Il y en
a ?
Je n’en doute pas. Les peuples ont ce génie de produire au bon moment les
hommes et les femmes qu’il faut.
Vous
les avez rencontrés ?
J’ai rencontré à Paris presque tous les acteurs calédoniens. Je constate
qu’il y a suffisamment de bonne volonté et de responsabilité. Je suis convaincu
que la Nouvelle-Calédonie est assez riche de talents et de générosité pour
inventer ce destin commun.
Le programme
Premier
jour
Le ministre des Outre-mers doit débuter sa visite le vendredi matin par un dépôt de gerbe au monument aux morts de la place Bir Hakeim, à Nouméa.
Il doit ensuite se rendre à la mairie de la capitale. Une coutume d’accueil l’attendra au centre Tjibaou qu’il visitera vers 10 heures.
En fin de matinée, le ministre se rendra au gouvernement de Nouvelle-Calédonie pour y signer le contrat de développement. En début d’après-midi, il se rendra au Congrès pour une séance solennelle, et devrait avoir plusieurs rencontres à caractère politique avec des responsables de partis.
Deuxième jour
Lors de sa journée de samedi, le ministre Victorin Lurel doit rencontrer les organisations syndicales et poursuivre ses entretiens politiques.
Troisième jour
Dimanche, après une réunion de travail avec des représentants du monde socioprofessionnel sur la thématique de l’économie locale, il doit se rendre en province Nord le matin, pour visiter le RSMA de Koné et l’usine KNS, puis en province des Îles l’après-midi, où il doit être reçu à l’hôtel de province.
Dernier jour
Lundi matin, avant son départ, il doit inaugurer une extension du café social « Le Mouv » à Rivière Salée avant de tenir une conférence de presse finale au haut-commissariat.
Les membres du Comité des signataires retrouveront Victorin Lurel dans quinze jours, à Paris, à l’occasion du prochain comité.
Le ministre des Outre-mers doit débuter sa visite le vendredi matin par un dépôt de gerbe au monument aux morts de la place Bir Hakeim, à Nouméa.
Il doit ensuite se rendre à la mairie de la capitale. Une coutume d’accueil l’attendra au centre Tjibaou qu’il visitera vers 10 heures.
En fin de matinée, le ministre se rendra au gouvernement de Nouvelle-Calédonie pour y signer le contrat de développement. En début d’après-midi, il se rendra au Congrès pour une séance solennelle, et devrait avoir plusieurs rencontres à caractère politique avec des responsables de partis.
Deuxième jour
Lors de sa journée de samedi, le ministre Victorin Lurel doit rencontrer les organisations syndicales et poursuivre ses entretiens politiques.
Troisième jour
Dimanche, après une réunion de travail avec des représentants du monde socioprofessionnel sur la thématique de l’économie locale, il doit se rendre en province Nord le matin, pour visiter le RSMA de Koné et l’usine KNS, puis en province des Îles l’après-midi, où il doit être reçu à l’hôtel de province.
Dernier jour
Lundi matin, avant son départ, il doit inaugurer une extension du café social « Le Mouv » à Rivière Salée avant de tenir une conférence de presse finale au haut-commissariat.
Les membres du Comité des signataires retrouveront Victorin Lurel dans quinze jours, à Paris, à l’occasion du prochain comité.
Propos recueillis par
David Martin (agence GHM)
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