Cela fait un
moment que je n’ai plus écrit.
Gloser,
Analyser, j’en avais plus envie.
À quoi bon s’échiner
à rappeler les faits,
À déterrer
sans fin les mêmes vérités,
Travesties sans
pudeur pour asservir les gens,
Le monde médiatique à l’esprit corrompu.
Croyant nous
informer, il impose ses vues.
Ou plus
exactement des idées préconçues,
Une forme de
pensée qui serait au-dessus …
Culte
démocratique à une majorité,
Qui malgré ses
efforts, tend à se déliter.
La masse
d’informations est pire qu’un tsunami,
Elle est
comme une pluie qui serait infinie,
Imbibant
tous les os, imprégnant les cerveaux,
Jouant sur
l’empathie en déviant les mots.
Elle fait des
auditeurs des sortes de grelots,
Qui résonnent
sans fin sur les réseaux sociaux.
La communication provoque une pandémie,
Avec des
moyens qui captent les esprits.
Radios,
télévisions, journaux, publicités,
Courriels,
blogs, flyers, lettres ou simples papiers,
Partout où
vous allez et quoique que vous fassiez,
Elle est en
embuscade pour vous faire acquiescer.
Et si par
quelque hasard, vous n’avez pas compris,
Toutes les
informations sont plusieurs fois servies.
Les
internautes en font des millions de partages,
Copiant à
l’infini les mêmes bavardages.
Même les petits
messages postés sur internet,
Passent sur
grand écran, plus besoin de lunette.
Les sourds
ont de quoi lire et les aveugles entendent
Tous les
individus qui font leurs propagandes.
L’important
c’est le buzz, mais pas le contenu,
Quelle que
soit l’ânerie, elle doit être connue !
Sous couvert
d’analyse, ils servent une soupe
Faite avec
des poncifs, comme si s’était un scoop.
Chaque media de
masse, qu’il soit petit ou grand,
Surfe sur
l’audimat pour entrer de l’argent.
Les hommes
politiques convoitent l’électeur,
Et
atteignent leur but en envoyant des
leurres.
Les uns
usent des autres, et réciproquement,
Attirant l’auditoire
dans de multiples camps.
Quelques
experts ici, quelques données par-là,
Ça fait des auditeurs
des militants extras !
L’étalage de
chiffres, de photos en gros plan,
Saupoudrés
de graphiques, ça devient convainquant.
Mais les
seuls éléments qui pourraient être vrais
Sont la
plupart du temps déformés ou tronqués.
Il suffit d’un mot
d’ordre posté sur un réseau
Pour qu’une
foule arrive avec des écriteaux,
Où est écrit
« je suis … ». Mais qui sont-ils vraiment ?
Des moutons
de panurge ou de vrais militants ?
Des croyants
convaincus ou un troupeau bêlant,
Menés par des
bergers au charisme puissant ?
« Je
suis … » : Être ou suivre ? C’est la question de fond.
Combien ont
réfléchi avant d’aller au front ?
Combien ont
disséqué le message initial,
Tentant de
discerner l’honnête du vénal ?
Combien ont
regardé, au-delà des images,
Si la cause
défendue n’était pas un mirage ?
C’est ainsi qu’ils
façonnent toute une société,
Qu’ils font
des citoyens des zombies éclairés,
Qui
deviennent, écolos, laïques et solidaires,
Qui ont de
l’empathie pour la terre entière,
Deviennent
complaisants avec les méchants,
Et dénigrent
un peu tout, à leur corps défendant.
Leurs
arguments de base ne sont que postulats
Plein de
contradictions qui faussent les débats.
Car ils sont
écolos, mais roulent en auto,
Car ils sont
solidaires, mais avec nos impôts,
Et leur laïcité,
c’est bouffer du curé,
Car leur
neutralité, c’est une foi d’athée.
L’école
républicaine a forgé leurs idées.
Notre
démocratie congèle leur pensée.
Énergie à
bas prix, mais non au nucléaire,
Contre la
pollution, mais un gas-oil pas cher,
Pour la neutralité,
tout en étant sectaire.
La
solidarité devient publicitaire.
Chacun est
bien d’accord pour le bonheur de tous,
À la seule
condition qu’on ne touche pas sa bourse.
Personne ne
refuse d’aider un réfugié,
Mais il
n’est pas question qu’il soit dans son quartier.
Tout le
monde est d’accord pour être contrôlé,
Mais sans
contravention, sans être sanctionné.
Le langage
courant n’est pas seulement prudent,
Il tue toute
pensée en étant lénifiant.
La pluparts
des délits sont « incivilités »,
Qualifié simplement
d’un « manque de respect ».
Insultes et
agressions sont à présent nommées
Comme des
comportements dits « inappropriés »,
Mais voilà que partout
les urnes se rebellent,
Et donnent
la victoire à des gens moins formels.
Niant les
pronostics, votant iconoclaste,
Les pensées
extrémistes s’expriment dans le faste.
Des
populistes gagnent par une poignée de voix,
Des
dictateurs s’imposent sans provoquer d’émoi.
Le
conformisme ambiant commence à éclater,
Car la
démocratie, qui l’a toujours porté,
Refuse
maintenant bon nombre de clichés
Qui limitent
un peu trop le droit de s’exprimer.
Se sentant méprisé
dans sa vie journalière,
L’électeur redevient un révolutionnaire.
Politiques
et medias se disent rassembleurs,
Expliquant
aux publics ce qu’est le vrai bonheur.
Pourtant
tous n’en ont pas la même conception,
Et montrent
des chemins dans toutes les directions.
Le peuple
ayant besoin d’objectifs plus clairs,
Fait des
choix extrémistes qu’il juge salutaires.
Notre démocratie a
perdu ses repères,
Et refuse de
voir où est son adversaire.
Penser lui
donner corps en faisant des primaires,
Ce n’est que
faire un tri entre vieux partenaires.
Tant à
gauche qu’à droite, ils sont larrons en foire
Et se
partagent en fait les allées du pouvoir…
Par des réseaux
d’alliances et de compromissions,
Ils prennent
l’Élysée, occupent Matignon,
Mais se
trouvent impuissants dans leurs obligations,
Piégés par des
promesses qui sont des puits sans fond,
Coincés par
des courants tous en contradiction.
L’État
gonfle la dette à grand coup de millions.
Combien de citoyens
pensent utiles de voter ?
Ils ne
votent plus « pour », mais « contre » des projets.
Simplement
pour sauver leurs propres intérêts,
Ils
s’accrochent aux acquis, aux droits sacralisés,
Que l’État
providence qualifie de progrès
Mais qui
relèvent, souvent, de l’amoralité.
Leurs visions
politiques sont des peaux de chagrin,
Qui se
mesurent à l’aune des hashtags quotidiens :
Râlant
contre un État qui n’en fait pas assez,
Pleurant sur
leurs impôts qu’ils jugent trop élevés.
Ils ne
voient même plus que ce que l’État donne,
C’est tout
ce qu’il leur prend pour leur faire l’aumône.
Et si un
jour de pluie, ils vont encore voter,
Jusque dans
l’isoloir, ils sont appareillés.
Demandant
aux smartphones avec dextérité,
Lequel des
candidats semble le moins mauvais.
Ils seront
satisfaits d’avoir participé
À une
démocratie qui n’a plus d’intérêts …
Il faudrait qu’un
instant, le peuple se révolte !
Et il
pourrait le faire sans aucun bruit de bottes.
Il suffit
qu’il arrête de faire des commentaires,
D’envoyer des
hashtags, des messages incendiaires,
Des
« like » ou des « je t’aime » à tous ces mercenaires,
De relayer
sans fin des montages vidéo
Porteurs
d’idées stupides et de propos idiots.
Qu’il arrête
d’applaudir des gens sans intérêts,
Et ne
dénigre plus ceux qui peuvent les aider.
Mais le peuple c’est
vous, sachez vous débrancher !
Oublier les smartphones et outils connectés.
Car cette intelligence
est trop artificielle,
Et vous fait
décrocher de ce qui est réel.
Avez-vous
mesuré le temps que vous passez
Sur votre
téléphone ou devant la télé ?
Coupez un temps
ces liens et vous pourrez PENSER !
Juste
quelques minutes, le temps d’un p’tit café
Testez votre
cerveau comme un nouveau jouet.
D’abord vous
« penserez » que ce n’est pas aisé,
Puis vous
découvrirez que votre cervelet
Coordonne
synapses, neurones et …vos idées.
Très vite,
dans la tête, vous aurez un réseau,
Une mémoire
interne qui garde tous les mots,
Un
processeur chimique plus vif que l’éclair,
Un raisonnement
unique respectant vos critères.
Vous pourrez
faire le tri dans les informations,
Et forger
vos idées avec votre raison.
Vous
comprendrez alors ce qui fait votre essence,
Maîtrisant
votre esprit, vous pourrez dire : « je pense …
donc je
suis ! »