mardi 26 novembre 2013

Nickel : une usine à crédit.

Voir article LNC
des 18 et 22 nov. en fin de post
Calédonie Ensemble, de façon très discrète,
Prépare les élections en faisant ses emplettes,
Dans un électorat pas forcément au fait,
Du marché du nickel, de ses subtilités.

La confusion des genres est la spécialité
De ce parti en manque de popularité.
Tout en priant Alla, il sourit au sieur Dang
En cherchant comment plaire dans ses futures harangues.

Mais le fond du problème, la question à traiter,
Demeure, encore une fois, le choix de société.

Qui fait quoi ?
Aujourd’hui on nous dit :  contrôlons la ressource,
Pour permettre au pays de remplir ses bourses.
Et nos futurs élus se voient déjà siéger
À la tête de conseils de grandes sociétés.

Mais est-ce bien leur rôle, dans une démocratie,
De devenir aussi des patrons d’industrie ?
Ils veulent à la fois diriger le pays,
Et être ceux-là même qui font l’économie.

L’industrie …
Ainsi l’usine du nord, par un montage complexe,
De la province Nord est devenue l’annexe.
Aujourd’hui tout va bien, la France à déboursée,
Et les élus du nord peuvent bien jubiler.

Mais ils se sont aussi largement endettés,
Et les remboursements semblent être compliqués.
Alors pour assumer, tous les moyens sont bons,
L’important maintenant, c’est trouver du pognon.

Leur usine en Corée devait couvrir les frais ?
Encore faut-il pouvoir envoyer du minerai.
Car externaliser pour payer une dette,
Impose des bilans qui ne soient pas en perte

… fait de la politique …
Ils manquent de minerai : ils lancent une polémique,
Prépare un préalable qui, lui, est politique !
L’avenir du pays est bien au second plan,
Derrière le besoin d’avoir un bon bilan.

L’objectif est de prendre son domaine minier,
À la vieille SLN, sans bourse déliée.
Pour encore exporter un peu plus de minerai,
Fut-il à basse teneur, en pays étrangers.

D’abord pour la Corée, et demain pour la chine,
Enfin pour le Japon, faut-il vider nos mines ?
Pourquoi cette ressource que l’on veut préserver,
Est-elle déjà vendue de façon détournée ?

… ou l’inverse ?
Ils mettent en avant une stratégie pays,
Voulant  le monopole sur sa seule industrie.
Peut-être que la France, actionnaire d’Eramet,
Lâchant la SLN, cédera au racket.

De cette stratégie, de type capitaliste,
Le pays tout entier devient le vrai lampiste.
Car la dette est certaine, les engagements pris,
Et c’est notre nickel qui en payera le prix

Mais quelle contrepartie aura le citoyen,
À toutes ces manigances dont il n’est que témoin ?
Qui donc du politique ou de l’industriel,
De notre société façonne le modèle ?

Auto contrôle ?
Le contrôle des mines et devenu local,
Mais il est, pour le moins, du genre un peu bancal,
Du fait que les provinces et la Calédonie,
Partagent la compétence en frères ennemis.

Ainsi en Province Nord, les décisions votées,
Le sont par des élus qui sont gérants de fait
D’un domaine minier et d’une société,
Dont le nickel domine toute l’activité.

Je n’évoquerais pas les conflits d’intérêt,
Mais je pose la question des choix qui y sont fait.
Mettent-ils en avant l’avenir du pays,
Et la bonne gestion d’une ressource finie ?

Glencore confirme
Si Glencore-Xtrata a racheté un « deal »,
Et confirme, sans rire, qu’il va le respecter,
Il rappelle surtout qu’un tel engagement,
Impose aux partenaires d’en faire tout autant.

Il rappelle que la dette de la SMSP
S’aggrave sûrement de tous les intérêts,
Que le compteur tourne à chaque jour de retard,
Ajoutant au panier des paquets de dollars.

Si l’usine est finie, la production patine,
Et la SMSP ne verse pas sa dime.
Or dans les partenaires, Glencore de désigner
SMSP, État et collectivités …

Épilogue
Notre cher nickel est largement gagé,
Sous forme de métal, ou bien de minerai.
S’il ne se vend pas bien, il nous faudra payer,
D'abord le capital et puis les intérêts.

Drôle de société où tous les citoyens
Ne sont que les jouets d"un défi kafkaïen.


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Les Nouvelles Calédoniennes du 18/11/2013
Nickel : Pierre ALLA et André DANG débattent sur la stratégie métallurgique et minière.
Un rapprochement pas à pas ?


Faut-il opposer le développement de la SLN à l’intérêt du pays défendu par la SMSP, opérateur intégré dans des projets extérieurs ? Initiée par le parti Calédonie Ensemble, une rencontre entre Pierre Alla et André Dang a fait surgir de nouveaux éléments sur la stratégie minière en Nouvelle-Calédonie.

Les patrons de la SLN et de la SMSP ont échangé devant un large public, sur l’avenir du nickel en Calédonie.

Leurs dernières discussions en public remontaient au mois d’avril, lors d’une session du Parti travailliste. Depuis, la problématique de la stratégie minière et métallurgique n’a fait que s’épaissir dans le pays, au point de sortir les couteaux il y a peu encore. Pierre Alla et André Dang, respectivement président du conseil d'administration de la SLN et P-dg du groupe SMSP, se sont retrouvés samedi à la tribune de la 6e et dernière Rencontre citoyenne de Calédonie ensemble, consacrée au nickel. Le sympathique et inattendu « mon ami » échangé entre les deux intervenants n’efface pas les écarts d’appréciation. Le décor a été planté d’emblée. L’option de la Nouvelle-Calédonie, à travers la STCPI - Société territoriale calédonienne de participations industrielles - pour monter au capital de la SLN à 50,01 % « n’existe pas, claque le patron de la Société Le Nickel. Si montée au capital devait se faire, elle serait l’aboutissement d’une négociation avec un prix attaché. »

Propriété. L’écho n’a pas tardé. Une disposition de 1999 et 2000 stipulant la possibilité d’échange « un jour » des parts détenues dans la maison-mère Eramet contre celles possédées dans sa filiale a été validée par le passé, a répondu André Dang, un peu taquin. « Pierre [Alla, Ndlr] n’a pas participé aux discussions, à l’époque. » La frontière entre la gestion du nickel et la politique est mince. « Un pays, même s’il n’est pas un Etat, doit prendre le contrôle de ses secteurs stratégiques. » Ce principe, avancé par Philippe Gomès, doit donc conduire, soit au niveau d’Eramet et de ses 26 % entre les mains du gouvernement central, soit au niveau de la SLN et des 51 % visés, à « disposer de la propriété capitalistique majoritaire de l’outil », selon Calédonie ensemble. Et ce, surtout en ce temps de sortie de l’accord de Nouméa. La révision du pacte d’actionnaires au sein de la major tricolore en 2016 peut constituer une opportunité.

Dialogue. Mais dès maintenant, la SMSP recherche du minerai pour alimenter sa structure coréenne, et scrute des mines dites délaissées de la SLN, un tantinet réticente. Sinon, dans le cas extrême, la menace a été pointée, l’approvisionnement se fera en Indonésie et aux Philippines. « Ne doit-on pas trouver une passerelle, un partenariat gagnant gagnant [entre les deux entités calédoniennes, Ndlr] ? » propose le député, s’approchant ainsi de la thèse d’André Dang. Reste le plus difficile : comment mettre en œuvre cette coopération, et évidemment, sous quelles conditions ? La solidarité avec la SMSP « existe, et doit être renforcée, le dialogue est ouvert », a convenu Pierre Alla. Quant à la position de la Calédonie dans la SLN, « des discussions très préliminaires ont commencé de manière informelle sur une montée progressive peut-être à hauteur de quelques pourcents d’abord, et on verra après. » Toutefois, le président de Doniambo identifie un vrai préalable : la gouvernance. En clair, des sociétés dans lesquelles le pays a la majorité au capital aujourd’hui, ne sont « pas forcément des modèles de productivité, de bonne gestion, auxquels la SLN aspire pour elle-même. Il y a des progrès à faire. » Les indépendantistes, représentants des provinces Nord et Îles, n’ont jamais demandé « la gestion de la SLN, a rétorqué André Dang. En revanche, les décisions doivent provenir de la STCPI, en cas d’une poussée à 50,01 %.»

Dang pense s’installer au Japon
Le président de la SMSP, entité majeure à l’usine du Nord avec Glencore-Xstrata, a toujours plus d’une carte en poche. A l’étranger, son partenariat avec Posco au sein de l’usine coréenne de Gwangyang, tend vers une production de 54 000 tonnes de métal, avec l’extension. Le regard est aussi tourné vers la Chine, où une collaboration se dessine avec Jinchuan en faveur de la construction d’un complexe hydrométallurgique. Et puis « la Nouvelle-Calédonie aura une usine au Japon pour traiter du petit minerai à basse teneur », avance André Dang. « Nous sommes en pourparlers, c’est notre prochain projet. » Des discussions avaient été menées dans le passé avec Pamco. Mais pour l’instant, le nom du métallurgiste nippon intéressé reste secret. « Mais ce que nous ne voulons pas, appuie le leader de la SMSP, c’est que les sociétés calédoniennes continuent à dilapider ce patrimoine [minier, Ndlr] au profit des Japonais », sans retour de la valorisation.

Yann Mainguet

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Les Nouvelles Calédoniennes du 22/11/2013
Antonin BEURRIER, prèsident de Glencoe-Xstrata Nouvelle Calédonie
« Il y a eu un deal, on le respecte »


Le coup de gueule du grand patron de Glencore, à propos du complexe industriel Koniambo, résonne encore. Le projet coûte très cher, 6,3 milliards de dollars. Qu’est-ce qui se cache derrière cette déclaration fracassante ? Rencontre avec Antonin Beurrier, le représentant de la compagnie en Nouvelle-Calédonie.

« Un certain nombre d’investissements ont même été suspendus, différés, dans d’autres mines de nickel, y compris au Canada, pour favoriser l’effort sur le Koniambo », explique Antonin Beurrier.

Les Nouvelles calédoniennes : Glencore a affirmé avoir payé ici des milliards de dollars pour une « cup of tea ». Pourquoi une telle déclaration ?
Antonin Beurrier : Glencore a tout d’abord un style propre, direct. Nous sommes dans un contexte post-fusion. Xstrata avait présenté à Glencore tous les actifs, les plans d’affaires, les budgets… La transaction a eu lieu le 2 mai. Ivan Glasenberg (devenu grand patron de Glencore-Xstrata, Ndlr) s’est d’ailleurs rendu lui-même ici, discrètement, avant l’événement. Suite à leur évaluation, aux échanges avec les équipes opérationnelles, et compte tenu des trois mois de décalage par rapport à la première coulée, il a été dit : 17 000 tonnes de nickel étaient prévues en 2013, or on vise plutôt 4 000. D’où l’expression « cup of tea », dans le sens où 4 000 tonnes, ce n’était pas beaucoup par rapport à tous les enjeux ou aux estimations au moment de la transaction. Cela reflétait un message au marché financier, et indirectement, à Xstrata.

Et le coût du projet ? 6,3 milliards de dollars ?
Ivan Glasenberg et la direction ont une approche globale, qui intègre le coût du chantier - 3,8 passés à 5,3 milliards, on sera un peu au-dessus, mais pas beaucoup -, les coûts de la mise en service, de la montée en puissance, et tous les intérêts capitalisés. Et là, nous arrivons à 6,3 milliards de dollars. Glencore aura contribué au final à 95 % environ du financement. C’est beaucoup d’argent. Rien qu’en 2013 et 2014, il va falloir mettre sur la table 1,5 milliard de dollars pour achever le projet. Sachant que c’est un projet énorme, dans un contexte de marché difficile… Bref, c’était le « coup de gueule » classique d’un CEO (chief executive officer, Ndlr) : « ça coûte cher, on est en retard, on n’a pas eu encore beaucoup de nickel, au boulot ! » Il est vrai, nous ne sommes pas habitués à ce ton. Les choses sont souvent dites en des termes plus modérés, feutrés. Là, non.

Quels postes ont dérapé ?
Tout le monde s’accorde à dire qu’il y a une concurrence mondiale pour ces mégas projets. D’où une inflation générale commune à tous ces chantiers. Pourquoi ? Parce qu’on se concurrence tous pour avoir les experts en ingénierie, les matériaux, etc. Cette inflation n’a pas été suffisamment bien estimée dans les études initiales. Nous avons traversé deux crises financières mondiales énormes, ce sont aussi des éléments à prendre en compte. Second point, nous avons eu beaucoup de mal à atteindre les objectifs de productivité, qui là aussi étaient assez agressifs et ambitieux dans le projet initial pour diverses raisons. Et ce, aussi bien localement qu’avec les prestataires externes. D’où le glissement du calendrier. Cela signifie : des employés sont payés pour achever le chantier, mais, en même temps, dans l’autre colonne, les revenus du nickel sont absents, contrairement aux indications du plan. Il fallait en outre créer une culture, une performance industrielle, à partir de quasiment rien. D’où la mise en place de la formation, etc. Nous avons, je pense, vraiment joué le jeu : 50 % de nos ouvriers ont toujours été des locaux, en moyenne, sur la durée du chantier. Et en jouant le jeu, il y a un surcoût. La vie est plus chère ici.

Dans l’esprit d’Ivan Glasenberg, ces dérapages vont-ils entraîner des corrections dans le management local, à KNS ?
Je me garderais bien de faire toute spéculation. Ce que j’observe, c’est que l’ensemble des managers opérationnels ont été confirmés dans leur poste, tout comme l’ensemble de l’équipe de direction du management sur tous les sites du nickel et dans d’autres divisions également. Au niveau de la direction générale de Xstrata en revanche, l’équipe de Glencore prend les commandes, avec une articulation « marketing et ventes », et une deuxième « production industrielle ». Ce n’est donc pas une personne ou une équipe qui aurait été responsable d’un surcoût, ce n’est pas du tout l’enjeu. Au contraire, l’idée est : il y a de bonnes équipes sur le terrain, on les conforte, on leur donne les moyens de prendre les décisions, et on supprime un certain nombre d’échelons intermédiaires.

La centrale électrique au charbon, attendue en juillet, n’est pas livrée. Pourquoi ? Quel est le surcoût ?
Le surcoût est surtout lié au fait que, tant que la première ligne de la centrale n’est pas mise en service à capacité complète, nous sommes obligés de dépendre du réseau Enercal et de nos turbo-générateurs au diesel, et cela coûte plus cher. Il n’y a pas un gros problème, ni un souci de fond pour la production. C’est une succession de petits problèmes techniques, gérés les uns après les autres, mais tout à fait normaux dans une mise en service. On perd sur certains sujets, mais on gagne sur d’autres.

D’après un journaliste, le coût de production de l’usine aurait grimpé de 40 %. Est-ce exact ?
Non. Notre coût de production est de quatre dollars la livre de nickel. Il n’a pas grimpé de 40 %. Il est parmi les meilleurs au monde. Le coût du chantier initial a lui grimpé, je suis d’accord, et cela va impacter les retours, la valeur actuelle nette de l’investissement, et en plus, nous n’avons pas un prix du nickel fameux. En revanche, le coût de production à long terme est extrêmement compétitif. Il y a une grosse différence entre Glencore et d’autres opérateurs : ce sont les ventes, le marketing, le marché, qui commandent.

Des mesures d’économies vont-elles suivre ce coup de gueule ?
La meilleure façon maintenant de faire que ce projet soit une réussite, est de produire au plus vite du nickel. Ce projet est achevé à 99 %. Il faut monter en puissance en deux années, pour que fin 2015, on soit en rythme annuel sur les derniers mois à 60 000 tonnes. C’est la meilleure réponse. Il ne faut plus de mauvaises nouvelles sur des dérapages de calendrier, cela coûte très cher, l’économie est elle là. Il faut aussi réussir la démobilisation dans de bonnes conditions, à la fois des travailleurs étrangers - 600 travailleurs par mois vont être démobilisés maintenant -, et de sous-traitants locaux. Il y a une conscience sur les coûts, mais, non, on ne va pas couper de telles dépenses, pas faire des compromis sur des sujets fondamentaux, comme la sécurité ou l’environnement. Ce serait se tromper.

Existe-t-il un plan B ?
Nous ne sommes pas dans les hautes instances, mais mon mandat et celui donné aux équipes opérationnelles est, en résumé : « Il faut que ça marche.» Il n’y a donc pas là un plan B particulier. D’ailleurs, selon l’interprétation d’un journaliste, la déclaration de la direction de Glencore était une façon d’exprimer son désaccord sur le deal avec la SMSP, 49 %-51 % (parts dans le capital, Ndlr). Ce n’est pas du tout ce qu’elle a voulu dire, franchement. Non, il y a eu un deal, on le respecte. C’est ce que nous attendons aussi du gouvernement sur le deal fiscal en place (pacte de stabilité fiscale, Ndlr).

Koniambo est-il vraiment, aux yeux d’Ivan Glasenberg, un projet toujours compétitif ?
Oui. Les atouts sont multiples. Un gisement exceptionnel. Un complexe industriel intégré défini comme « une Rolls Royce là pour cent ans », pour citer ses propres mots. Le soutien de la population sur le projet. Et la moitié sinon plus de la production destinée à l’Asie, nous sommes placés de façon optimale pour couvrir ces marchés-là. Ces atouts sont indéniables, et rendent le projet très compétitif. Autant le coût de capital et la prise de risques sont énormes, autant Koniambo est le « vaisseau amiral » de la nouvelle division nickel.

Passation
Ce diplômé de l’Ecole nationale d’administration (ENA), après plus de deux ans de responsabilités sur le territoire, rejoint la Métropole, pour œuvrer dans le domaine des ressources naturelles. La fusion entre les groupes Glencore et Xstrata est intervenue le 2 mai dernier. « Ma mission était d’accompagner le projet suite à la hausse des coûts annoncée en août 2011, de s’assurer que les programmes se mettent en place afin de produire notre premier nickel, de faire le lien avec nos partenaires la SMSP, l’Etat et l’ensemble des collectivités… Je tiens d’ailleurs à remercier tous les gens qui m’ont accueilli et fait confiance. » Le poste de président de Glencore Nouvelle-Calédonie est confié à Sylvain Goyette, ingénieur de formation et originaire du nord du Québec, dont le parcours professionnel a traversé les compagnies Noranda, et Falconbridge, devenue Xstrata, puis Glencore. Ce Canadien participe, depuis plusieurs années, au comité technique du Koniambo.

Propos recueillis par Yann Mainguet
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