lundi 14 octobre 2019

Tribune ou tribunal ?


Réponse à la centaine de personnalités qui ont signées une tribune dans le journal Libération le 10 octobre 2019, où ils apportent leur soutien aux indépendantistes Kanaks Néo calédoniens. A noter que ce jour-là, les signataires de l’Accord de Nouméa se réunissaient à paris pour débattre des conditions du deuxième référendum (le premier ayant déjà tranché pour que la Calédonie reste Française).

Cents personnalités, en leur âme et conscience,
Veulent au peuple kanak donner l’indépendance.
Ils signent une tribune qui parait le jour même
Où les gens concernés débattent du dilemme.
Car ces nouveaux prophètes, au savoir dogmatique,
Trient la population par origine ethnique.
Ils ne sont pas racistes, soyez en assurés,
Mais leur priorité, c’est le peuple premier.
Ainsi dans leur tribune, qui devient tribunal,
Ils voient les pro-français comme force du mal.

Ces personnalités, à des degrés divers,
Voient la Calédonie quelque peu de travers.
Connaissent-ils l’histoire de ce lointain pays,
Pour s’arroger le droit de la faire Kanaky ?
Une poignée d’entre eux s’en disent spécialistes,
Mais sans avoir la vie de ceux qui y habitent !

Seul le peuple Kanak a des droits invincibles,
Les autres individus sont, pour eux, inaudibles.
Ils ont mêmes oublié, qu’avant la colonie,
Les tribus se battaient et étaient ennemies.
Vingt-huit langues parlées montrent la dispersion,
De gens qui étaient loin de faire une nation.

Ils oublient le passé de guerres coutumières,
Et nient des rituels qui furent sanguinaires.
Ils oublient que les clans structurent leur société,
Où, sans le droit français, la femme n’est qu’un objet.
Ils refusent de voir les apports de France,
Au système coutumier en pleine déliquescence.

Ils oublient que les langues, qui n’étaient que parlées,
Sont maintenant écrites grâce à nos facultés.
Et même leur sénat, qu’on appelle coutumier,
Demeure une invention de notre état français.
Même si leur culture est vraiment authentique,
Avec la république, elle devient synchronique.

Ils oublient que colons et autres expatriés
Ne sont pas forcément venus de leur plein grès.
Transportés, déportés, relégués, communards,
Ont mis dans cette terre, leurs sangs et leurs espoirs.
Ils passent au second plan ces peuples non kanaks,
Eux qui, pour cette terre, ont mouillé la casaque !

Japonais, javanais, indonésiens ou viets,
Tous ceux qui sont ici ne furent pas à la fête.
Ils cachent leur mépris envers les zoreilles
Qui ne seraient venu que pour faire de l’oseille,
Mais qui ont surtout su partager leurs savoirs,
Développer le pays et en faire un terroir.

Bref, ils passent à la trappe une majorité,
Avec comme argument qu’ils sont venus … après.
Si le peuple premier, acté par l’ADN,
A été reconnu pour étouffer les haines,
Faut-il, pour le futur, faire de la gêne ethnique
La base d’un pays, déjà pluriethnique ?

Cent personnalités prétendent décider
Pour cent mille électeurs qui doivent s’exprimer !
Savent-ils que déjà le droit a raboté
Un corps électoral trié sur le volet ?
Que le droit coutumier prime la fiscalité,
Et que les non kanaks, payent toujours les frais ?

Ils plaident, crânement, pour l’honneur de la France
Qu’ils piétinent lâchement avec leur exigence.
La France n’aurait pas tenu toutes ses paroles ?
Mais fut-elle la seule dans cette parabole ?
Ils devraient regarder tous les apports sociaux,
Écoles, logements, et progrès médicaux,
Routes, électricité, et autres adductions d’eau,
Que la France à payer avec leurs impôts.

Ils refondent l’histoire par des choix sélectifs,
Les non kanaks étant, de fait, dépréciatifs.
Ils citent des traités*, les qualifient d’iniques,
Bien que conforment aux droits de ces temps historiques.
À croire qu’ils ignorent l’histoire du monde entier,
Façonnés par les guerres, à grand coup de traités.
Doit-on remettre en place tous les peuples premiers,
En gommant de l’histoire bien des réalités ?
* Traités passés au cours de l’année 1854 (voir photos en fin de post)

Professeurs, ethnologues, parmi ses grands esprits,
Cachent-ils volontairement ce qui les contrarient ?
Les prises de possession, taxées d’iniquités,
Pourraient être la suite d’un pacte censuré.
Un acte d’allégeance* signé dix ans plus tôt
Au bon vouloir des gens de la terre d’Opao**.
* Acte signé en janvier 1844 (voir photos en fin de post)
** Opao = Nouvelle Calédonie ?

L’acte administratif de prise de possession,
Ne fait que valider, le choix d’une protection,
Concédant à la France une souveraineté
Que les chefs d’Opao acceptèrent de donner.

Le temps s’est écoulé et certains font le tri,
Entre les bons traités et ceux qui sont honnis.
Seul un acte formel est mis sur le devant,
Effaçant, sans scrupule, le premier agrément.

Promesses non tenues ? Revirement de l’histoire ?
Nouvelle génération recherchant le pouvoir ?
C’est le peuple Kanak, sur la terre de ses vieux,
Qui refuse de voir le choix de ses aïeux.

Épilogue.
Je ne reproche pas à ces cent personnages,
D’avoir des convictions, et de les mettre en page.
Mais juste de le faire sans mesure ni partage,
De l’assener en dogme à tout leur entourage.

Contrairement à leurs dires, il est des partenaires,
Qui depuis des années discutent avec leurs pairs,
Et pensent que l’avenir n’est pas l’indépendance,
Mais bien la garantie d’être vraiment la France.

----------------------------------------

Acte en date du 1° janvier 1844
Acte en date du 1° janvier 1844

Actes en date de 1853
Actes en date de 1853


1 commentaire: