mercredi 14 février 2018

Je … vœux ?


Ringard ?
Quelqu’un m’a fait savoir
Que les vœux sont ringards.
Qu’ils sont trop conformistes
Et « Bobo macroniste ».
Drôle de conception
De cette vieille tradition !

Peut être que c’est vrai,
Qu’il faut se renouveler.
Ne plus rien souhaiter
Mais plutôt demander.
Exiger des amis
Une plus grande empathie !

Qu’ils partagent nos peines
Cinquante-deux semaines !
Qu’ils s’intéressent à nous
Tous les jours de l’année,
Pas seulement un coup,
Pour le premier janvier,

Mais n’est-ce pas s’enliser
Dans la morosité,
Et ne voir de la vie
Que les mauvais côtés,
Devenir des aigris,
Être désabusés ?

Sur les rives du Styx ?
Même si des souvenirs
Rendent tristes à mourir,
Même si des êtres chers
Ont quitté cette terre,
Est-ce les offenser
Que d’encore exister ? 

Est-ce leur rendre hommage
Que de faire des voyages,
Comme des pèlerinages,
En traînant des images,
Dans un luxe outrancier,
Et même de s’en vanter ?

Faut-il se noyer au fond de l’Acheron ?
Puiser dans le Cocyte tant de lamentations ?
Et sur les bords du Stix s’enliser à jamais
Abandonnant amis, familles et alliés ?

Non, il n’est pas question de partir en barcasse,
Emmené par Charon, ou bien par Phlégyas,
Sur le ruisseau Léthé qui impose l’oubli
De ceux qu’on a aimés et qu’on garde à l’esprit.

C’est pour cette raison, que dans notre maison,
Plusieurs porte-photo exposent à l’unisson
Les morts et les vivants, en cadres intemporels,
Les uns sont souvenirs, les autres sont réels.
Dans la mythologie grecque
Achéron : le fleuve du chagrin.
Cocyte : le fleuve des lamentations.
Styx : affluent de la haine.
Charon & Phlégyas : conducteur de la barque traversant le Styx.
Léthé : ruisseau de l'oubli.
Et les vivants ?
Car honorer les morts
N’empêche pas encore
De voir que les vivants
Sont toujours présents.
Et que leur vie, parfois,
C’est pas vraiment la joie.

La mort d’un enfant est une tragédie,
Qu’on ne peut oublier, qu’on garde à l’esprit.
Mais croire que les vivants baignent dans le bonheur,
C’est être égoïste, et être dans l’erreur.

Car si nombre de gens vivent dans l’insouciance,
Beaucoup doivent faire face à bien des exigences,
À des situations qu’ils n’avaient pas prévues,
À des drames fulgurants qui laissent dépourvu.

Ils doivent s’investir dans des choses improbables,
Et trouver le moyen de pas péter un câble.
Et quand ils pensent enfin être sortis du trou,
Une nouvelle affaire, leur donne un nouveau coup.

Et y faire face seul
Peut être casse-gueule.
Alors qu’un petit geste,
Un mot, même modeste,
Une simple présence,
Donnent de la vaillance.

Je n’ai aucun remord
Sans oublier les morts,
De vivre au présent,
Pour aider les vivants,
Apporter à autrui
Le souffle de la vie.

Janus
À chaque année nouvelle
La vie se renouvelle.
Et ça reste un moment
Où on lance à tout vent
L’amour et l’amitié
Sans arrière pensée.

Les vœux sont un moyen
D’envoyer à chacun
Ces petits courants d’air,
Brefs et éphémères,
Qui donnent pour l’année
Un peu d’alacrité.
alacrité : État de vigueur et de vitalité corporelle, mêlé de bonne humeur et d'entrain.
Les romains le savaient, qui dédié à Janus
Tous le mois de janvier, nommé Januarius.
Ce dieu aux deux visages, aux regards opposés,
Regarde l’avenir, mais aussi le passé.

Il ouvre le passage entre hier et demain
Et de notre avenir, nous montre le chemin.
Les vœux sont des prières adressées à Janus
Pour, de l’année passée, obtenir le quitus.

Il comblera nos vœux pour l’année à venir,
En fonction des promesses que l’on saura tenir.
Lorsque se réalisent les vœux faits à autrui,
Tous ceux qu’on nous a faits, se réalisent aussi.

Les vœux …
N’en déplaise au gugusse,
Qui bafouant Janus,
A jeté au pilon
Cette belle tradition :
Rien ne vaut des souhaits
Pour commencer l’année.

Aujourd’hui pour les vœux
Ça ne fait pas sérieux.
Le temps est dépassé
Pour vous les envoyer.
Veuillez m’en excuser,
Mais le cœur y était.

Je me contente donc de tous vous remercier,
Vous qui avez osez m’adresser vos souhaits,
Vous tous qui le firent sur papier cartonné,
Par IPhone, par la voix, ou bien … par la pensée.