Inspiration :
trois articles en fin de post
WWF : « Depuis un an, Vale ne nous a rendu compte de rien » du 14/09/2012
Vale : « Le dossier est pris au sérieux » du 26/09/2012
EPLP à l’attaque, du 25/09/2012
WWF met en demeure Vale
De répondre plus vite, à un méchant courrier.
EPLP attaque, comme à son habitude,
Certaines décisions prises par la Province sud.
La SLN a droit, du fait de sa centrale,
À une surveillance, vraiment
procédurale.
Ainsi donc la défense de notre environnement
Se trouve bien assurée par tous ces partisans
D’une industrie plus propre, qu’il faut faire autrement,
En préservant la terre de tous les polluants.
Il nous faut saluer un tel acharnement,
Qui, pour notre avenir, se montre exigeant
Mais, ça ne m’empêche pas de poser des questions
Sur les cibles choisies pour toutes ses actions.
Seule la Province sud et le grand Nouméa
Font l’objet d’attentions et de nombreux débats.
Vale, la SLN, et la Province sud
Semblent être le creuset de bien des turpitudes.
S’il parait évident qu’une zone peuplée
Doit, bien plus que tout autre, être très surveillée,
C’est vrai pour Doniambo, un peu moins pour Vale.
Quoique pour ce dernier c’est l’endémicité
Que tout le monde s’accorde à surveiller de près.
En fait rien à redire, du moins de ce côté.
Mais regardons un peu vers la Province Nord.
La collectivité est bien dans SOFINOR ?
Donc en majorité dans la SMSP.
Elle se trouve, de ce fait, opérateur minier,
Elle construit une usine, au pied du Koniambo.
Et tout cela se passe, sans un petit accroc ?
Il est vrai qu’en étant, de fait, juge et parti,
Il suffit d’ajuster le droit à ses envies.
Car pour l’environnement le code est provincial,
Toute autorisation, tout contrôle est local.
Pourquoi donc la Province, contre ses intérêts,
Aurait voté des textes, aurait légiféré ?
Mais les écologistes ont du faire leur boulot,
La nature est sauvée au pied du Koniambo,
Et la SMSP, sur les mines du nord,
Ne défriche jamais sans avoir leur accord.
Nous voilà rassurés, pour ce coin de planète,
Dont l’industrie minière est on ne peut plus nette.
Il n’en demeure pas moins que la SMSP
Préfère chez les chinois transformer son minerai.
Le modèle Kanak, proche de la nature,
Va donc polluer, par quelques joint-ventures,
D’autres pays lointains, beaucoup moins scrupuleux,
Pour l’environnement et tous ces culs terreux !
Mais là pas une voix, pas le moindre procès,
Puisque la pollution est délocalisée.
Et pour les droits de l’homme ? Nous sommes hors sujet !
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Article des
Nouvelles Calédoniennes du 14/09/2012
« Depuis un an, Vale ne nous a rendu compte de
rien »
HUBERT
GÉRAUX, DIRECTEUR DU WWF EN NOUVELLE-CALÉDONIE
A
l’occasion d’un courrier adressé à Vale-NC sur sa gestion du risque biologique
sur le site de l’usine, Hubert Géraux, directeur du WWF en Nouvelle-Calédonie,
revient sur le dossier et aborde plus généralement cet enjeu capital pour la
préservation de la biodiversité du pays.
Hubert
Géraux en appelle à une prise de conscience collective et citoyenne des risques
inhérents aux espèces envahissantes.
Les Nouvelles
calédoniennes :
Vous avez envoyé un courrier à Vale-NC fin août. Quelle en est la teneur et
dans quel contexte s’inscrit-il ?
Hubert Géraux : Depuis 2007,
lors du lancement de la 3e enquête publique, nous avons attiré l’attention de
l’industriel sur les faiblesses de leur proposition de plan préliminaire de
maîtrise des espèces exogènes et d’une manière plus générale sur les enjeux de
gérer les invasions biologiques. En effet, en tant qu’installation classée pour
la préservation de l’environnement (ICPE), l’usine du Sud a la nécessité de
mettre en œuvre ce type de plans opérationnels. Un objectif de conservation de
la biodiversité qui avait d’ailleurs été réitéré par la convention signée entre
l’industriel et la province Sud en 2009.
En
2011, une expertise collégiale a réuni la province Sud, l’Union internationale
de conservation de la nature (UICN), un expert régional de la délégation à la
recherche de Polynésie française, l’Œil, l’Institut de recherche pour le
développement (IRD), l’Institut agronomique calédonien (IAC) et des membres du
Groupe espèces envahissantes (GEE), dont le WWF. L’enjeu était alors de mesurer
l’efficacité du plan de maîtrise des espèces exogènes mis en place par
l’industriel. Suite à une enquête de terrain, un rapport lui a été remis en
septembre 2011. Un certain nombre d’insuffisances avaient été relevées et des
recommandations formulées. Depuis un an, quasiment jour pour jour, Vale-NC ne
nous a rendu compte de rien. Ce mutisme de l’industriel nous a donc poussés à
apporter le débat sur la table médiatique pour faire progresser la gestion
cruciale de ces risques industriels qui pèsent sur la biodiversité du Grand
Sud. Car aujourd’hui, ce n’est plus possible d’attendre. L’efficacité de la
lutte dépend de la réactivité des acteurs.
Quelles
faiblesses avaient été pointées et que préconisait le rapport ?
Un
tableau synthétique mettant en perspective 28 limites et 29 recommandations
leur a été remis. Ce que nous demandons depuis lors, c’est que l’industriel
mette en place ses actions concrètes pour en mesurer l’efficacité, à l’aune des
faits. Concrètement, nous avions notamment remarqué qu’entre les objectifs
affichés du plan et les activités mises en œuvre, le décalage était patent, que
le système de surveillance actuel était lacunaire ou encore que les délais de
réaction entre les signalements d’espèces envahissantes et la mise en œuvre
d’actions de lutte étaient problématiques. De plus, nous regrettions qu’aucun
protocole d’accord n’ait été signé entre Prony Energie et Vale NC pour la
gestion de ces risques. Nous voulions donc davantage de concertation, de
sensibilisation et de responsabilisation des usagers sur leur rôle à jouer dans
la détection des espèces, ou encore sur leur prise en compte. Nous ne saurions
nous limiter à de la communication ; nous attendons de l’information.
En quoi
consistent précisément ces risques d’invasion biologique ?
Dans
notre contexte insulaire, la biodiversité a évolué en étant très peu exposée
aux menaces et n’a donc pas développé de résistance et de plasticité à
l’accueil de nouvelles espèces. Les espèces introduites accidentellement ou
volontairement, qu’elles soient végétales ou animales, ont donc un impact
direct, mais lent, sur la disparition d’autres espèces. Or, avec le projet de
Vale, il y a un risque accru, lié au développement des flux de marchandises, de
personnes et des infrastructures. L’exemple qui illustre le plus la légitimité
de notre inquiétude, est le Pluchea odorata, un arbuste exotique envahissant
qui, en 2009, avait été repéré par la Direction de l’environnement. En 2010,
elle constate que l’invasion se poursuit, réitère sa demande d’action.
Aujourd’hui, devant l’inaction, l’espèce a envahi les pistes mais aussi le
creek de la baie Nord. Et avec sa floraison récente, une nouvelle banque de
graines risque fort d’être dispersée par le vent, l’eau et les engins miniers,
favorisant sa diffusion sur le site. Notre inquiétude est d’autant plus grande
que cette espèce est particulièrement dangereuse car elle s’adapte très bien
aux sols miniers, auxquels habituellement peu d’autres espèces résistent. Il y
a également l’herbe fontaine ou le goyavier de Chine que nous surveillons de
près sur le site de l’usine du Sud. Cependant, cette inaction a un coût : plus
on attendra, plus il sera difficile d’éradiquer ces espèces. Il faut donc
arracher au plus vite les plants de Pluchea odorata avant de ne plus pouvoir
que les contrôler. A titre indicatif, l’éradication du Miconia en province Sud
a été estimée à 27 millions de francs depuis 2006.
Qu’en est-il de
cette problématique à l’échelle du territoire ?
Les
invasions biologiques représentent le deuxième moteur d’érosion de la
biodiversité mondiale. Or, cette disparition est moins visible pour le grand
public que le passage d’un bull, alors que les résultats, eux, s’en approchent.
Une étude de l’IRD en 2006 l’avait clairement mis en lumière. Par exemple, sur
les 2008 plantes introduites, 200 sont devenues envahissantes. Parmi elles, on
trouve la sensitive géante. Son développement a engendré un changement du
cortège d’espèces de la savane à niaouli : les chemins empruntés par les
chasseurs dans la Chaîne se ferment plus vite, obligeant ces derniers à faire
des feux plus rapprochés qu’auparavant. Dans une étude, nous avions signalé que
les invasions biologiques donnaient naissance à de nouveaux usages du feu, de
lutte notamment. De même, les cerfs et les cochons ravagent les forêts de la
Chaîne, les champs et, in fine, les sols. On constate donc un vieillissement
des forêts, des glissements de terrains mais aussi une concurrence entre le
bétail et ces espèces. Les invasions ont des effets en cascade, aussi bien sur
l’environnement que sur la santé et l’économie, car en étant parfois vecteurs
de maladies, celles-ci peuvent entraîner une perte de rendement agricole.
Quelles solutions
pourraient donc être mises en œuvre ?
Il
y a d’abord eu la création du Groupe espèces envahissantes (GEE) en 2004, de
façon à coordonner les actions sur le sujet en termes de prévention, surveillance,
recherche, lutte et sensibilisation. Il regroupe l’Etat, les provinces, le
gouvernement de Nouvelle-Calédonie, les associations environnementales ainsi
que les instituts de recherche. Ce sujet doit véritablement être pris à
bras-le-corps. Il faudrait par exemple optimiser le contrôle aux frontières,
assurer une cellule de veille avec un réseau d’alerte efficient ou encore
accroître la réactivité. Dans le cas de Vale et du Pluchea odorata - qu’on
retrouve également dans la vallée de la Dumbéa -, l’arrachage des plants est
une action de lutte efficace. En tous les cas, il faut que chacun accepte ses
responsabilités, et que Vale ait davantage un souci de résultats que de moyens.
Bio express
Hubert
Géraux est né en 1971.
Ecologue
de formation, il a démarré sa collaboration avec le WWF en Guyane en 1992 comme
éco volontaire puis y a ouvert le bureau WWF en 1999.
Cofondateur
du Bureau WWF en Nouvelle-Calédonie en 2001, il en a été le coordinateur éco
régional jusqu’en septembre 2009.
Depuis,
il en assure la direction tout en conservant le pilotage des dossiers « menaces
».
Clémence
Lehoux
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Article des
Nouvelles Calédoniennes du 26/09/2012
« Le
dossier est pris au sérieux »
INTERVIEW.
JEAN-MICHEL N’GUYEN, RESPONSABLE ENVIRONNEMENT DE VALE
Les Nouvelles
calédoniennes :
Un courrier vous avait été envoyé par le WWF pour vous demander de fournir des
éléments suite à un rapport sur votre gestion du risque biologique. Des éléments
demandés depuis un an. Pourquoi avoir tant tardé ?
Jean-Michel
N’Guyen :
Nous avons reçu le rapport en septembre 2011, et depuis, nous travaillons sur
un document de travail avec la Direction de l’environnement de la province Sud.
Car, c’est à elle que nous devions « rendre des comptes » en vertu de la
convention pour la conservation de la biodiversité, signée avec l’institution
en 2009. Personne n’a oublié cette affaire, même si certains ont pu perdre
patience. À ce jour, il est en cours de finalisation et devrait être présenté
au comité de pilotage sur la biodiversité début octobre. Ensuite, il le sera au
conseil d’administration de l’Œil à la mi-octobre.
Quelle est la
teneur de vos réponses ?
Il
y a eu 29 recommandations, mais toutes ne pourront pas être menées de front par
nous, car certaines relèvent de la concertation de tous les acteurs. Cette
problématique de la maîtrise des espèces exogènes ne nous est pas propre. Vale
n’est qu’une porte d’entrée parmi d’autres. Le dossier est pris très au sérieux
par nos équipes. Ainsi, sur la gouvernance et la coordination, nous allons
revoir notre plan d’action sur le long terme et l’améliorer pour que les moyens
mis en place - nos plans annuels d’éradication coûtent encore 15 à 20 millions
- soient en adéquation avec nos objectifs. Voir de quelle manière nous pouvons
renforcer notre stratégie pour prévenir l’introduction d’espèces nouvelles et
mettre en œuvre une politique de contrôle plus efficace encore. Pour ce faire,
il nous faut donc prioriser, en concertation avec les parties prenantes,
quelles espèces sont prioritaires. Et, à ce titre, le Pluchea odorata qui avait
été incriminé, pourrait en faire partie. Nous prévoyons également de renforcer
notre plan de communication en poursuivant notre affichage sur site et nos
formations. Évaluer tout cela prend du temps, mais nous ne faisons pas rien.
Clémence
Lehoux
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Article des
Nouvelles Calédoniennes du 25/09/2012
EPLP à
l’attaque
TRIBUNAL.
UN ARRÊTÉ DE LA PROVINCE SUD REMIS EN CAUSE
La
destruction d’une zone d’intérêt patrimonial peut se faire, à condition
d’appliquer quelques règles dérogatoires. La province Sud ne les a pas
respectées en autorisant Vale NC à défricher une zone dans la Kwé pour stocker
des verses stériles.
EPLP
a de bonnes chances de faire annuler un arrêté de la province Sud autorisant
Vale NC à défricher une parcelle située sur la Kwé.
Peut-on
autoriser un industriel à défricher une zone naturelle d'intérêt patrimonial ?
Oui, mais sous certaines conditions, contenues dans le Code de l'environnement.
Et visiblement, la province Sud a oublié d'appliquer certaines règles qu'elle
avait elle-même fixé.
C'est
ce qui ressort d'une procédure examinée jeudi dernier par le tribunal
administratif et initiée par Ensemble pour la planète (EPLP), un collectif
regroupant plusieurs associations environnementalistes. Ce groupe a, une fois
de plus, voulu jouer son rôle de « vigie écologique ».
Arrangements : En
septembre 2011, la province Sud avait autorisé Vale NC à défricher une parcelle
située dans le bassin versant de la Kwé. Une zone sur laquelle poussent des
orchidées ou des araucarias. L’industriel voulait y entreposer des verses
stériles. L’intitulé de l’arrêté autorise également Vale à « exploiter une mine
jusqu’en 2015 ».
La
mesure aurait sans doute été possible, sauf que ce projet n’a pas été présenté
au conseil municipal de la commune concernée, en l’occurrence Yaté, pour qu’il
formule un avis. Les règles n’ont pas été respectées. EPLP entend donc faire
annuler cette autorisation.
Dans
cette affaire, telle qu’elle a été résumée jeudi par le rapporteur public,
Jean-Philippe Arruebo-Mannier, la province Sud semble aussi avoir adopté une
position à géométrie variable.
L’institution
a en effet admis l’erreur et l’a mise sur le compte d’une « erreur de plume »,
en considérant, dans un second temps, que la zone ne présentait pas « d’intérêt
patrimonial » et qu’il s’agissait d’un « simple défrichage ».
«
Mais on ne peut pas prendre l’article de loi qui nous intéresse en fonction de
l’intérêt du moment, dans une réglementation qui est déjà fort peu
contraignante », a indiqué le rapporteur public.
Ensuite,
la province Sud a argué du fait qu’il s’agissait d’une petite zone d’1,8
hectare « déjà assez dégradée » et que, en quelque sorte, son défrichage
complet ne changerait pas grand-chose à l’affaire. « On ne peut pas grignoter
ainsi le terrain », a estimé en substance le rapporteur public.
Impossibilité : Enfin, la
province Sud mettait en avant une « formalité impossible à effectuer » : celle
du dénombrement des espèces animales et végétales sur la surface concernée. Une
autre façon de dire que le Code de l’environnement, provincial, ne serait donc
pas applicable parce que trop compliqué à mettre en œuvre.
Le
rapporteur public a estimé qu’EPLP était fondée à agir pour demander
l’annulation de l’arrêté litigieux. Une décision sera prise le 4 octobre.
Pierrick
Chatel
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